LA PAZ, 20 novembre (Reuters) - La police et l'armée boliviennes ont utilisé mardi des véhicules blindés et des hélicoptères pour dégager l'accès à l'une des principales raffineries du pays, à El Alto, une démonstration de force survenue alors que le blocus avait provoqué l'interruption des livraisons de pétrole vers la capitale voisine La Paz.

Des journalistes de Reuters ont constaté que des manifestants réclamant le retour d'Evo Morales avaient bloqué l'accès à la raffinerie de Senkata en incendiant des piles de pneus.

Evo Morales a démissionné le 10 novembre de la présidence du pays après sa réélection contestée en octobre et s'est réfugié au Mexique. Le dirigeant socialiste, dont le mandat courait jusqu'en janvier prochain, a dénoncé un coup d'Etat fomenté notamment par l'opposition de droite.

Le Congrès, contrôlé par le Mouvement pour le socialiste (MAS), le parti de Morales, a indiqué mardi qu'il allait annuler un vote contesté devant rejeter la démission de Morales.

Dans un communiqué faisant part d'instructions venant de la sénatrice du MAS Monica Eva Copa Murga, l'Assemblée législative déclare que le vote est suspendu pour "créer et contribuer à un environnement propice au dialogue et à la paix".

Copa Murga a dit par la suite à des journalistes que la législature entendait voter un texte annulant l'élection présidentielle du 20 octobre dernier et programmer au plus vite un nouveau scrutin.

"Nous ne voulons pas de décès supplémentaires, nous ne voulons pas que davantage de sang soit versé", a-t-elle déclaré au côté de la plupart des élus du MAS, demandant à l'armée et aux partisans de Morales de mettre fin aux échauffourées.

Selon les services du défenseur national des droits, trois personnes ont été tuées lors d'affrontements avec les forces de sécurité près de Senkata. Plus d'une vingtaine de manifestants ont été tués depuis que Morales a démissionné de la présidence, indiquent-ils. (Daniel Ramos et David Mercado; Jean Terzian pour le service français)