New York (awp/afp) - Après de nombreux mois de retard, Boeing a confirmé mardi avoir programmé pour jeudi le vol inaugural du long courrier 777X, remplaçant de l'emblématique 777, tout en cherchant en parallèle à lever au moins dix milliards de dollars pour faire face à la facture galopante de la crise du 737 MAX.

Ce vol aura lieu dans la région de Seattle, dans le nord-ouest des Etats-Unis, où Boeing dispose d'un aéroport géant, Boeing Field, avaient indiqué un peu plus tôt à l'AFP sous couvert d'anonymat des sources anonymes proches du dossier.

Le 777X est censé décoller vers 18H00 GMT, mais la date et l'heure peuvent encore changer en fonction de la météo et "d'autres facteurs", a averti le constructeur aéronautique.

Le vol inaugural du 777X était initialement prévu à l'été 2019, mais avait dû être repoussé en raison de problèmes avec le nouveau moteur GE9X, fabriqué par General Electric, et de difficultés avec les ailes et la validation des logiciels.

Si tout se passe bien, Boeing déposera alors dans les prochains mois tous les documents en vue de l'homologation de cet avion par les autorités de l'aviation civile, notamment auprès de la FAA, pour une entrée en service de cet aéronef en 2021.

Résister à Airbus

Les premières livraisons ne sont pas attendues avant "début 2021", au lieu de mi-2020 comme prévu initialement, car la période des vols d'essai devrait être allongée et la procédure d'homologation approfondie.

Le 777X est censé conforter la domination de Boeing sur Airbus dans le long courrier, position fragilisée par la réduction prochaine des taux de production du 787 "Dreamliner", faute de commandes fermes de la Chine.

Le 777X, qui peut transporter de 384 à 426 passagers, présente un carnet de commandes de 340 unités, principalement de la part de sept grandes compagnies aériennes, dont Emirates, Lufthansa, Cathay Pacific, Singapore Airlines et Qatar Airways. Il est censé concurrencer l'A350 de l'avionneur européen Airbus.

Boeing, qui est englué dans la crise du 737 MAX, avion cloué au sol depuis plus de dix mois à la suite de deux accidents, n'a pas fourni plus d'informations.

Un MAX de coûts

Le constructeur aéronautique est en discussion avec des grands noms de Wall Street pour emprunter au moins dix milliards de dollars afin de faire face aux coûts liés au MAX, ont indiqué à l'AFP des sources bancaires.

Boeing a obtenu pour l'instant l'assurance de recevoir une ligne de crédit de 6 milliards de dollars des banques, a affirmé une des sources, sans pour autant dire si l'emprunt se ferait par l'émission de nouvelles obligations.

JPMorgan Chase, Bank of America Merrill Lynch, Citigroup et Wells Fargo font partie des banques ayant déjà promis des fonds à l'avionneur.

La facture s'élève pour l'instant à plus de 9,2 milliards de dollars, mais les analystes s'attendent à ce qu'elle s'envole. Le manque à gagner est d'environ 1 milliard de dollars par mois depuis l'immobilisation, calculent les analystes de JPMorgan.

L'agence de notation Moody's a menacé récemment de dégrader la note de solidité financière du groupe.

Un 737 MAX de Lion Air s'est écrasé le 29 octobre 2018, faisant 189 morts, un accident suivi cinq mois plus tard par le crash d'un exemplaire d'Ethiopian Airlines (157 morts).

Le système anti-décrochage MCAS a été mis en cause et Boeing travaille actuellement à un correctif pour obtenir la levée de l'interdiction de vol. Mais depuis, d'autres problèmes ont été détectés. Le dernier en date, dévoilé vendredi, concerne un logiciel censé s'assurer du bon fonctionnement du MCAS au démarrage de l'avion.

Des incertitudes entourent par conséquent la date de remise en service du MAX. American Airlines, United Airlines et Southwest, trois compagnies clientes, ont déjà repoussé à juin les vols sur cet aéronef.

Boeing a suspendu les livraisons et a interrompu également la production du MAX, ce qui l'a conduit à présenter un carnet de commandes dans le rouge en 2019 (-87 appareils nets), une première en plus d'une décennie.

Outre l'absence de recettes, Boeing doit indemniser les compagnies aériennes clientes et ses fournisseurs.

Le géant de Seattle fait également face aux plaintes des familles des victimes et aux enquêtes des autorités américaines, notamment.

afp/rp