par Pamela Barbaglia, Allison Lampert et Gwénaëlle Barzic

Le constructeur travaille avec Citigroup et UBS pour trouver un partenaire dans le ferroviaire qui lui permettrait de changer d'envergure afin de mieux affronter la concurrence du géant public chinois CRRC, numéro un mondial du secteur.

Bombardier, qui a déjà cédé en 2018 le contrôle de son programme d'avions régionaux à Airbus, a vu son cours de Bourse plonger de 37% depuis le début de l'année à la suite d'un avertissement sur ses résultats de 2019 le 16 janvier.

Il a examiné plusieurs scénarios de fusion ces derniers mois, y compris une possible alliance avec l'allemand Siemens ou un partenaire chinois, deux pistes qui n'ont pas abouti, a dit l'une des sources.

Les discussions avec Alstom, conseillé par Rothschild, ont commencé en juillet et sont devenues sérieuses en septembre, a dit l'une des sources.

Ces discussions avec le groupe français restent actives mais Hitachi demeure une option possible, ont dit les sources.

Bombardier, Alstom, Hitachi et Siemens ont tous refusé de s'exprimer.

Le gouvernement français est ouvert à l'idée d'un rapprochement pour Alstom mais aucune décision n'a été prise sur les termes d'une éventuelle transaction, a dit une autre source.

Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a estimé jeudi qu'il y aurait à terme une consolidation dans l'industrie ferroviaire.

La France a regretté la décision prise l'an dernier par la Commission européenne de bloquer, pour des raisons de concurrence, la fusion entre Alstom et l'activité ferroviaire de Siemens, qui aurait créé un champion européen face au chinois CRRC.

L'ASPECT CONCURRENCE EST PRIMORDIAL

Pour les analystes de Berenberg, un rapprochement entre Alstom et Bombardier poserait moins de problèmes de concurrence car leur part de marché cumulée est plus faible dans la construction de trains à grande vitesse et la signalisation ferroviaire.

Hitachi a aussi été approché l'an dernier mais on ignore si des discussions se poursuivent entre Bombardier et le conglomérat japonais, ont dit les sources.

Le principal marché d'Hitachi dans le ferroviaire en Europe est la Grande-Bretagne, où il n'existe pas de grand chevauchement entre ses activités et celles de Bombardier.

Les deux groupes sont toutefois particulièrement présents en Allemagne, ce qui pourrait susciter l'inquiétude des autorités européennes, a dit l'une des sources.

Le choix de Bombardier entre ces partenaires potentiels dépendra in fine de ses chances de convaincre les autorités de la concurrence et des concessions qu'il pourrait être amené à faire pour obtenir leur feu vert, ont dit les sources.

Le groupe canadien a vendu 30% du capital de son activité ferroviaire à la Caisse de dépôt et placement du Québec, le deuxième fonds de retraite du Canada, en 2015 après avoir examiné ses options stratégiques, y compris une éventuelle cotation en Bourse en Allemagne ou en Grande-Bretagne.

L'activité a depuis rencontré des problèmes dans l'exécution de plusieurs contrats, ce qui a pesé sur ses marges et contribué à l'avertissement sur résultats émis pour 2019 par le groupe.

Le constructeur canadien, qui a pour plusieurs milliards de dollars d'obligations arrivant à échéance dans les années à venir, doit rapidement lever des fonds à l'aide de son activité ferroviaire, a dit l'une des sources.

"Ils sont sérieux sur le sujet. Sans transaction, les perspectives sont sombres", a dit cette source.

(Avec Alexander Hübner à Munich; version française Bertrand Boucey)

par Pamela Barbaglia, Allison Lampert et Gwénaëlle Barzic