Zurich (awp) - Le boulanger industriel Aryzta peine toujours à redresser ses activités. En pleine restructuration, les recettes ont à nouveau reculé au premier semestre de son exercice décalé 2019/2020, a indiqué mardi l'entreprise. La rentabilité a également souffert, avec une perte nette qui a fait les frais d'effets non récurrents.

Les ventes ont reculé de 3,2% à 1,66 milliard d'euros. Au niveau organique, elles ont baissé de 2,5%, en raison d'un net repli en Amérique du Nord (-5,3%) et en Europe (-2,0%), alors qu'elles ont progressé de 8,6% dans le reste du monde.

Le recul est conforme aux attentes, a affirmé le directeur général Kevin Toland lors d'une téléconférence. "Nous faisons des progrès, même si la situation en Amérique du Nord reste difficile". La région a essuyé un repli de 4,5% des ventes au deuxième trimestre, après 6,1% au premier.

"La stabilisation des ventes nécessite du temps, mais elle est en cours", a assuré M. Toland. Au deuxième semestre, la situation devrait s'améliorer de sorte qu'une croissance est attendue dans cette région au dernier trimestre.

Au niveau de la rentabilité, le groupe a essuyé une perte nette IFRS de 899,2 millions d'euros, après un résultat négatif de 4,3 millions il y a un an. Le boulanger industriel a procédé à des amortissements de 437 millions sur le goodwill en Amérique du Nord, auxquels se sont ajoutés des correctifs de valeurs sur la cession de Picard et d'activités en Grande-Bretagne ainsi que sur la boulangerie industrielle en Amérique du Nord.

Ajusté des coûts d'amortissement et de restructuration, le bénéfice a atteint 34,4 millions, soit 13% de moins qu'un an plus tôt, sachant que le passage aux normes IFRS a pesé.

Le résultat opérationnel ajusté (Ebitda) s'est inscrit en hausse de 12% à 169,8 millions. A base comparable, soit ajusté du passage au normes IFRS 16, il s'est inscrit en repli de 6,3%, surtout pénalisé par la faible performance des activités en Amérique du Nord, où la restructuration a conduit à des inefficiences. Des volumes de ventes plus faibles ont également coûté 11 millions à l'Ebitda, a assuré M. Toland.

La marge correspondante s'est inscrite à 10,3% fin janvier 2020 ou à 8,6% si on prend en compte les anciennes normes comptables. Fin janvier 2019, la marge s'établissait à 8,9%.

"Nous devons nous assurer que les opportunités apportées par nos projets d'automatisation ne soient pas englouties par des coûts logistiques pour de nouvelles lignes de production", a indiqué le directeur financier Frederic Pflanz. "Nous devrions gagner ce combat au deuxième semestre".

Croissance organique manquée

Le consensus AWP tablait sur des ventes de 1,67 milliard. La croissance organique était attendue à -2,0%, avec -0,7% pour l'Europe, -5,6% pour l'Amérique du Nord et une hausse de 7,9% pour le reste du monde. L'Ebitda ajusté était escompté à 155,4 millions.

"L'Amérique du Nord a enregistré des revenus améliorés, mais reste en retrait au niveau de l'Ebitda. Les facteurs pesant sur la rentabilité de l'Amérique du Nord sont en train d'être traités et nous nous attendons à une amélioration au deuxième semestre", a indiqué M. Toland.

A fin janvier, l'endettement a été réduit à 1,96 fois l'Ebitda, contre 2,43 à la période précédente.

Les prévisions ont été revues à la baisse. A proche et moyen termes, la marge Ebitda en Amérique du Nord devrait se situer entre 6 et 9%, contre 12 à 14% précédemment ciblé pour le groupe. En Europe, la marge Ebitda s'inscrit à 12,5% et dans le reste du monde, à 15,6%.

Pour 2020, l'Ebitda ajusté devrait s'améliorer hors effet IRFS 16, sous réserve que les effets du coronavirus ne se prolongent pas. Pour l'instant, les seules activités touchées sont celles en Asie.

Baader Helvea souligne que la croissance organique s'est révélée mitigée et la progression de l'Ebitda décevante. La direction ne semble pas être en mesure de stabiliser les opérations en Amérique du Nord, la reprise prendra par conséquent plus de temps que prévu. Les analystes envisagent de réviser leur modèle d'analyse.

L'exercice à mi-parcours se solde de manière très difficile pour Aryzta, marqué par une croissance toujours négative, un déclin net de la rentabilité et des coûts uniques importants. Les analystes se demandent si l'entreprise est dotée des bons outils pour suivre ses performances réelles, alors qu'en novembre, le directeur général avait indiqué que la visibilité en matière de coûts était "très bonne".

A la Bourse suisse, le titre Aryzta bondissait de 6,3% à 69,5 centimes de franc dans un SPI en hausse de 1,88%.

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