(Actualisation: nouveau cours de Bourse, déclarations du président du conseil d'administration sur les projets de réorganisation en France et sur la présentation du plan stratégique, déclaration de la directrice générale par intérim qui exclut une recapitalisation)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le constructeur automobile Renault a dévoilé vendredi son plan de réduction des coûts fixes de plus de 2 milliards d'euros d'ici à 2022, qui se traduira par la suppression de près de 15.000 postes dans le monde, afin de redresser la rentabilité du groupe.

"Les difficultés rencontrées par le groupe, la crise majeure à laquelle est confrontée l'industrie automobile et les urgences liées à la transition écologique, sont autant d'impératifs qui conduisent l'entreprise à accélérer sa transformation", a expliqué Renault dans un communiqué.

La directrice générale par intérim du groupe, Clotilde Delbos, a déclaré aux analystes que ce plan devait permettre à Renault de "revenir aux fondamentaux" et poser "de solides fondations pour le futur".

La dirigeante a expliqué que ce projet de réduction des coûts fixes constituait "une première étape" pour redresser le groupe. Un nouveau plan stratégique sera dévoilé après l'arrivée du nouveau directeur général, Luca de Meo, qui prendra la tête du groupe le 1er juillet. Jean-Dominique Senard, le président du conseil d'administration de Renault, a indiqué que Luca De Meo devrait présenter "sa vision" à "fin de [cette] année ou au début de l'année prochaine".

En fin de matinée, le titre Renault perdait 5,6%, à 20,68 euros, après ces annonces.

Près de 4.600 suppressions de postes en France

Le plan de réduction des coûts fixes de Renault comprend un projet de réduction d'effectifs de près de 4.600 postes en France, auxquels s'ajouteraient plus de 10.000 suppressions de postes dans le reste du monde. Ces réductions d'effectifs s'effectueront par des mesures de reconversion, de mobilité interne et des départs volontaires et non par des licenciements secs.

Ces suppressions de postes prévues représentent environ 8% de la main-d'oeuvre totale de l'entreprise au losange. Renault a par ailleurs assuré que ces ajustements d'effectifs seraient "réalisés à travers un dialogue exemplaire avec les partenaires sociaux et les collectivités locales". "Il n'y aura pas de souffrance sociale dans le déploiement de ce plan", a assuré Jean-Dominique Senard.

Sur les 2,15 milliards d'euros de réduction des coûts fixes annuels prévus par le constructeur, environ 650 millions d'euros seront réalisés en adaptant l'appareil industriel du groupe. Renault réduira ses capacités de production de 4 millions de véhicules en 2019 à 3,3 millions en 2024.

En France, Renault compte arrêter la production de véhicules sur le site de Flins lors de la fin de vie de l'actuelle version de son modèle électrique Zoé, en 2024. Le groupe créera sur ce site un "écosystème d'économie circulaire" qui inclura le transfert des activités du site de Choisy-le-Roi. Ce dernier site est la seule des 14 usines que compte Renault en France qui fermera à l'horizon 2022, a indiqué Jean-Dominique Senard.

Renault va aussi lancer une revue stratégique sur le site de la Fonderie de Bretagne et a ouvert une réflexion sur la reconversion du site de Dieppe, qui produit l'Alpine. Le statu quo n'est pas possible sur ces deux sites, a affirmé Jean-Dominique Senard.

Renault a également lancé une concertation pour créer à partir des usines de Douai et de Maubeuge "un pôle d'excellence optimisé des véhicules électriques et utilitaires légers dans le nord de la France". Ces restructurations en France auront lieu pour l'essentiel entre 2022 et 2024, a précisé Clotilde Delbos.

A l'international, le groupe a décidé de suspendre des augmentations prévues des capacités au Maroc et en Roumanie et étudiera l'adaptation de ses capacités en Russie. Renault va également lancer une étude sur la rationalisation de la fabrication de boîtes de vitesse dans le monde.

Les réductions de coûts les plus importantes se situeront au niveau de l'ingénierie, avec 800 millions d'euros d'économies prévues. Le groupe au losange va également dégager environ 700 millions d'euros d'économies en améliorant l'efficacité de ses fonctions support.

Selon une présentation mise en ligne par le constructeur, 30% des réductions de coûts prévues par ce plan seront réalisées dès 2020, 75% en 2021 et la totalité en 2022.

Le coût de mise en œuvre de ce plan a été évalué à 1,2 milliard d'euros par Renault. Environ 30% de ces coûts seront répercutés en 2020, 50% en 2021 et 20% en 2022.

Une augmentation de capital écartée

Interrogée par un analyste sur une éventuelle augmentation de capital de la part de Renault, Clotilde Delbos a déclaré que le groupe n'en avait pas besoin "à court comme à moyen terme". "Une recapitalisation n'est absolument pas à l'ordre du jour", a ensuite déclaré la dirigeante devant les journalistes.

Renault a livré ces annonces alors que l'industriel attend le feu vert du gouvernement pour bénéficier d'une facilité de crédit de 5 milliards d'euros garantie par l'Etat. Clotilde Delbos a expliqué que Renault était déjà parvenu à un accord avec ses banques sur cette facilité de crédit. Seule la signature du décret de l'Etat manque désormais. La dirigeante espère que cette signature interviendra au cours des prochains jours.

Mardi, le président de la République, Emmanuel Macron, a posé comme préalable à l'octroi de cette aide la tenue la semaine prochaine d'une table ronde sur l'avenir des sites industriels du groupe, à laquelle participeront Renault, les sous-traitants, les élus et les syndicats.

Le locataire de l'Elysée avait également affirmé que Renault s'était engagé à investir dans l'alliance européenne pour les batteries, dont font déjà partie PSA et Total. Clotilde Delbos a indiqué que le conseil d'administration de Renault étudierait les modalités de cette prise de participation "dans les prochaines semaines".

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ACD - LBO - ECH

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