Plusieurs mois après l'irruption du coronavirus, j'ignore toujours – nous ignorons tous – les conséquences réelles que la pandémie aura sur notre vie future. Les dirigeants politiques sont dans la même situation, car ils ont perdu leur avantage habituel : l'accès à une meilleure information que nous. Cette situation a d'importantes conséquences, en plus de compliquer la réponse sanitaire à la crise. Songez que c'est elle qui a réussi à ébranler les convictions de Donald Trump. Le président américain a rétropédalé hier sur le port du masque et sur le danger représenté par le virus. On se doute bien que les visées électoralistes ont joué un rôle important dans cette volte-face, mais c'est bien l'absence d'informations fiables et donc de certitudes qui a abouti à cette situation.

En bourse, les investisseurs semblent être détachés de ces considérations sanitaires. Suffisamment détachés en tout cas pour aller de l'avant malgré les magasins et les entreprises qui ferment, les plans sociaux, les sites touristiques désertés et les résultats-des-entreprises-qui-baissent-mais-moins-que-prévu. Les financiers ont eux aussi perdu en partie leur supériorité dans l'information. Mais ils restent d'incorrigibles optimistes, à l'inverse des dirigeants politiques, et ne sont pas astreints aux mêmes impératifs de pseudo-cohérence qu'eux (même si l'on voit bien qu'un Donald Trump ne s'embarrasse guère d'être cohérent ou pas).

Par conséquent les investisseurs réévaluent en permanence les risques et les opportunités, sans repères fixes. Je me suis amusé à lister quelques-uns des grandes forces du moment en bourse, sur la base des dizaines de mails que je reçois chaque jour de professionnels de la finance. Je dirais qu'ils ont un peu peur (mais pas trop) de la déflation, du coronavirus lui-même, d'un second confinement strict ou de la valorisation de certains secteurs (GAFA en tête). Ils sont aussi effrayés par les perspectives du marché de l'emploi et par ce qui se produira à l'échéance des prêts garantis par les Etats, mais en ayant du mal à envisager concrètement les conséquences, puisqu'ils croient au rebond des résultats mais ont quand même du mal avec l'équation qui mêle forte reprise économique, dettes XXL et chômage élevé. Pour justifier la bonne tenue des marchés, tous les chemins mènent bien sûr aux milliers de milliards débloqués par les autorités politiques et monétaires. En y ajoutant le fameux syndrome FOMO (Fear Of Missing Out), c’est-à-dire la peur de manquer une opportunité, on obtient des indices étonnamment robustes et une impression d'édifice un peu bancal.

Ce manque de repères est illustré par les dernières péripéties de marché. Les indices américains évoluent sur leurs sommets, mais les valeurs refuge comme l'or (et même l'argent) sont plébiscitées. Les perspectives économiques restent sombres mais le pétrole retrouve ses niveaux de mars et les valeurs cycliques se sont réveillées.

Le CAC40 perdait 0,1% à 5098 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'immobilier américain est à l'honneur avec les prix des logements (15h00) et les ventes de logements dans l'ancien (16h00). A 16h30, place aux stocks pétroliers hebdomadaires.

L'euro poursuit son ascension contre dollar à 1,1540 USD. L'once d'or enchaine les pics, à 1859 USD. Le pétrole est en hausse avec un Brent à 44,14 USD et un WTI à 41,70 USD. La dette américaine est rémunérée 0,6% sur 10 ans. Le Bitcoin a progressé hier à 9374 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Altice Europe : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 4,70 EUR.
  • Assicurazioni Generali : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 18,50 EUR.
  • AXA : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 21,80 EUR.
  • Ceconomy : Baader Helvea reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4 à 4,70 EUR.
  • CTS Eventim : DZ Bank reste à conserver avec un objectif de cours relevé à 36 EUR.
  • EasyJet : Berenberg passe de conserver à acheter avec un objectif de cours ajusté de 850 à 800 GBp.
  • Givaudan : Credit Suisse reste à sousperformance mais relève de 2500 à 3100 CHF son objectif de cours.
  • Ipsen : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 96 EUR.
  • Proximus : HSBC passe de conserver à acheter en visant 23 EUR.
  • SGS : UBS reste neutre mais relève de 2300 à 2450 CHF son objectif de cours.
  • Siemens Healthineers : RBC reste neutre avec un objectif de cours relevé de 40 à 45 EUR.
  • SSAB : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 29 à 32,50 SEK.
  • Sunrise : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 107 CHF.
  • Swedish Orphan : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 230 SEK.
  • Ubisoft : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 90,60 à 85,60 EUR.
  • Virbac : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 186 à 210 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Comme les rumeurs le laissaient entendre, Valeo va supprimer 12 000 emplois dans le monde, dont 2000 en France, après avoir publié une lourde perte de 1,2 Mds€ au terme du premier semestre 2020. Rubis et I Squared Capital rachètent le leader espagnol du stockage de produits liquides Tepsa (52 M€ de revenus annuels). Eurazeo financera 50 M$ pour le plan de restructuration de Lakeland Tours, qui fait partie du portefeuille Eurazeo Capital. GTT va réaliser un réservoir de stockage pour le chinois CPEC. KPP va déposer une OPA à 0,73 EUR sur le solde des actions Antalis qu'il ne détient pas. Bourrelier rachète Mavic à la barre du tribunal. Orège vend une première unité SLGF à Scottish Water. Implanet et KICo lancent la prothèse de genou Madison aux Etats-Unis. Covivio, Voltalia, Biosynex, Theraclion, Eurobio, DBT, Poxel, Invibes, Roche Bobois, Paulic, La Française de l'Energie, Vente-UniqueIGE+XAO, Sidetrade, Somfy, Theradiag, EOS Imaging, Delfingen, AST Groupe, Qwamplify, Patrimoine et Commerce, Pharmasimple, Oeneo, Orpea ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Le parquet de Milan a requis 8 ans de prison contre l'administrateur délégué d'Eni SpA, Claudio Descalzi, dans un procès pour des soupçons de corruption dans un contrat au Nigeria. La FAA va accueillir les commentaires du public sur le B737MAX, une étape de plus vers le retour en exploitation du monocouloir de Boeing, qui ne devrait toutefois pas intervenir avant 2021, aux dernières rumeurs. United Airlines a perdu 2,6 Mds$ au second trimestre. Snap déçoit avec ses résultats et perd 4% hors-séance. Texas Instruments vise des revenus au troisième trimestre supérieurs à ce qui était prévu. Malgré des résultats en baisse, ABB Ltd dépasse les attentes au second trimestre. Nissan pourrait décaler de six mois, à juin 2021, la fermeture de son usine de Barcelone, si le travail reprend sur le site. Le Japon approuve la dexaméthasone, notamment produite par Nichi-Iko, comme traitement contre la COVID-19. Wirecard a embauché Alix Partners pour une étude forensique sur ce que savaient ou non les salariés et dirigeants du groupe des malversations financières. Le plan de relance européen pourrait favoriser le début d'un mouvement de consolidation entre les banques de la zone euro, selon la présidente de Banco Santander, Ana Botin. Toyota prévoit un quasi-retour à la normale de la production dans ses 15 usines japonaises en août. Nestlé a confirmé des informations de CNN selon lesquelles le groupe évalue ses options pour ses eaux locales chinoises, qui pourraient être vendues. 

Ça publie. Microsoft, Tesla, Thermo Fisher, Iberdrola, Christian Dior, ABB Ltd, Biogen, Fortinet, Antofagasta, Ingenico, Ubisoft

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