Atos a finalement reçu quatre offres de sauvetage. L'objectif du groupe est de retenir une offre d'ici le 31 mai, pour finaliser un accord final d'ici juillet 2024. Seules trois offres seront examinées, parce que le conseil et la conciliatrice ont écarté celle de Bain Capital (présentation ici), au motif qu'elle ne répondait pas aux exigences de la société sur le périmètre concerné. Restent donc en lice les propositions :

  • D'un groupe de porteurs d'obligations et de banques faisant partie du groupe de banques d'Atos. Présentation ici.
  • EP Equity Investment (Daniel Kretinsky / Attestor). Présentation ici.
  • Onepoint / Butler (David Layani et Butler Industries). Présentation ici.

Toutes les propositions ont été présentées au conseil d'administration dimanche 5 mai 2024. Quelle que soit la solution retenue, elle "impliquera probablement des changements radicaux dans la structure de capital de la Société et une émission significative de nouveaux titres de capital qui entraînera une dilution massive des actionnaires existants d'Atos SE". Les offres sont compatibles avec les négociations en cours avec l'Etat, qui veut acquérir 100% des activités d’Advanced Computing, de Mission-Critical Systems et de Cybersecurity Products de la division BDS (Big Data & Cybersécurité).

Le financement de court terme progresse

Par ailleurs, Atos a signé le contrat relatif aux facilités de crédit renouvelable et de prêt à terme de 100 M€ fournies par un groupe de porteurs d'obligations. L'Etat a prêté 50M€ au titre du FDES (Fonds de Développement Economique et Social) à la filiale Bull. Enfin, les discussions avec les banques concernant la mise en place d'un programme d'affacturage de 300 M€ "progressent".

Deux offres réellement en lice ?

Selon notre compréhension, il y a deux offres en lice : celle d'EP Equity / Attestor et celle de Onepoint / Butler. L'offre présentée par les créanciers est surtout une grille de lecture de leur position à destination d'investisseurs plus opérationnels. Voici quelques éléments succincts sur les propositions :

Offre EP Equity / Attestor

  • 600 M€ d'augmentation de capital souscrite par les repreneurs
  • 1,3 Md€ de facilités (500 M€ de crédit revolving, 300 M€ de factoring et 500 M€ de nouvelles lignes garanties)
  • Restructuration de la dette existante d'Atos.
  • Les actionnaires existants se retrouveront avec moins de 1% du capital.

Offre Onepoint / Butler

  • 350 M€ d'argent frais en échange d'au moins 35% du capital.
  • Plan de 6,3 Mds€ au total, dont 1,8 Md€ d'engagements d'argent frais via la totalité du montage (500 M€ de levées de fonds, 1,3 Md€ de nouvelles facilités) et 4,5 Mds€ de renégociations (1,9 Md€ de transformation de dette en actions, 0,9 Md€ de d'abandon de créances, 1,8 Md€ de dettes renégociées).
  • Une augmentation de capital ouverte à tous (post-transformation de la dette des créanciers en actions) dans les mêmes conditions que l'entrée de Onepoint. Onepoint veut garder 35% du capital à minima. La position des autres actionnaires n'est pas claire (ou alors nous n'avons pas trouvé), mais tout porte à croire qu'entre la volonté de Onepoint de rester au capital à niveau élevé et les exigences ces créanciers, il ne restera pas beaucoup de place, en tout cas pas beaucoup plus que dans le cadre de l'offre d'EP Equity / Attestor.

Offre des créanciers (Projet Alpha)

  • L'offre présente surtout le schéma sur la base duquel le groupe de créaciers est prêt à discuter avec d'autres investisseurs centrés sur l'opérationnel.
  • 1,2 Md€ d'argent frais via 600 M€ de factoring et de garanties bancaires
  • 1,8 Md€ de conversion de lignes de crédit et d'obligations, aboutissant à une dilution de plus de 99,9% des actionnaires

Offre Bain Capital (écartée)

  • L'offre portait uniquement sur la division digitale d'Eviden et sur les reliquats éventuels de la division BDS hors activités souveraines.
  • Par conséquent, elle ne correspondait pas aux demandes d'Atos, qui refusait une vente à la découpe.