Malgré un léger recul au quatrième trimestre, le chiffre d’affaires atteint un record historique à €20.6 milliards. Le cash-flow libre avant l’acquisition d’une participation contrôlante dans Gianvito Rossi atteint lui €3.7 milliards ; à partir de ce dernier, €2 milliards seront payés en dividendes. 

Le directeur général de Van Cleef & Arpels Jérôme Lambert devient aussi directeur général du groupe. Le moins que l’on puisse dire est que Johann Rupert a été clair sur le fait qu’il restait seul maître à bord, ce dont personne n’aurait de toute façon douté.

Comme de coutume, Rupert appelle à la prudence et tempère les attentes des analystes. Si ses commentaires sur la mise en mal du « contrat social » en Chine pour expliquer le ralentissement du marché du luxe dans l’empire du Milieu pourraient faire sourire, on note que Richemont continue d’y enregistrer des ventes en croissance.

Les Etats-Unis, on le sait, sont devenus le premier marché du groupe de joaillerie et d’horlogerie. Ce dernier boucle d’ailleurs deux cycles décennaux exceptionnels : en vingt ans, son chiffre d’affaires est passé de €3.4 milliards à €20.6 milliards, soit un taux de croissance annualisé de 9.9%.

Le profit d’exploitation est lui passé de €300 millions à €4.8 milliards sur la période, soit un taux de croissance annualisé de 15.7%. Le profit par action a été multiplié par 22 et le dividende par action par 14. Impossible de ne pas saluer un tel bilan.

L’évolution des multiples de valorisation de Richemont est largement en phase avec celle de LVMH. Historiquement le suisse commandait un léger premium sur le groupe de Bernard Arnault, mais cette tendance s’est inversée depuis quelques temps. 

Kering, pour des raisons maintes fois discutées dans ces colonnes, a pour sa part décroché depuis quelques trimestres.

La capitalisation boursière de Richemont représente un multiple de x17 les profits, sensiblement sous sa moyenne historique de x20 les profits. Néanmoins, ses plus belles franchises — Van Cleef, Cartier, IWC, Jaeger Lecoultre, Vacheron Constantin, etc. — ont gagné des parts de marché et consolidé leur domination. 

Avec ses joyaux de la couronne, le groupe apparaît donc bien positionné pour entamer le prochain cycle. Le sujet de la gouvernance fait parfois tiquer, mais Richemont ne diffère guère ici de ce que l’on observe chez les autres grands noms du luxe français et italiens.