PARIS (Agefi-Dow Jones)--Enterrement du projet d'Aéroport de Notre-Dame des Landes, dérives massives des coûts des chantiers du Grand Paris : jamais l'actualité n'a mieux illustré l'incapacité croissante de l'Etat à mener à bien des projets d'infrastructures majeurs.

Le renoncement à un projet qui avait reçu tous les tampons démocratiques possibles est très différent des errements d'une structure, la Société du Grand Paris, inadaptée pour gérer les contrats de travaux pharaoniques.

Reste qu'un constat commun s'impose : l'Etat n'est plus capable comme autrefois d'engager sa parole sur un projet économique essentiel, commandant l'avenir du grand Ouest ou de la région parisienne.

Les conséquences politiques de ce fait sont évidentes mais les leçons à en tirer pour ceux qui contractent avec l'Etat sont aussi manifestes. Dès lors que les pouvoirs publics ne savent plus assumer l'initiative de grands travaux ni en assurer les conditions d'exécution, comme l'a piteusement reconnu le Premier ministre mercredi, signer un contrat avec lui devient un métier des plus périlleux.

Ses grands partenaires privés en tireront les conséquences. On peut prévoir que les dédits pour "motif d'intérêt général" ou "en cas de force majeure" vont s'envoler, comme les autres coûts résultant d'une non-exécution partielle ou totale, du fait de la puissance publique, des engagements pris.

Vinci, qui avait senti passer le vent du boulet lors de la polémique sur le relèvement des tarifs de péage, s'est prémuni contre ce risque par contrat et peut espérer une position plus incontournable que jamais dans la privatisation de Groupe ADP.

Au détriment de la capacité de choix de l'Etat, décidément perdant dans cette affaire sur tous les tableaux.

-Philippe Mudry, Directeur des rédactions de L'Agefi ed: ECH

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