Bart Koster,

DOW JONES NEWSWIRES

Air France-KLM (>> AIR FRANCE -KLM) prend la tête de la riposte des compagnies aériennes long-courriers contre la flambée des commissions aéroportuaires en Asie, alors que les aéroports de la région se développent pour faire face à une expansion rapide du trafic intérieur et international.

Air France-KLM remettra le mois prochain une étude à l'Association internationale du transport aérien (IATA), dans laquelle la compagnie franco-néerlandaise détaillera cette problématique, a déclaré Marnix Fruitema, directeur général de la compagnie pour l'Asie-Pacifique, dans un entretien accordé à Dow Jones Newswires.

"Nous avons effectué des recherches sur la hausse exorbitante des charges aéroportuaires dans de nombreux aéroports asiatiques", a expliqué Marnix Fruitema. Le dirigeant n'a toutefois pas fourni de précisions quant aux conclusions de l'étude.

Air France-KLM, qui a récemment annoncé un vaste plan de restructuration destiné à compenser une réduction des marges bénéficiaires liée à la hausse des prix du carburant et à l'atonie de la croissance en Europe, paie plus de 100 millions d'euros par an de charges aéroportuaires et associées dans la région, a précisé le dirigeant.

La compagnie aérienne, première en termes de passagers et de revenus sur les liaisons Asie-Europe, a reçu le soutien de Delta Air Lines (DAL), d'American Airlines, filiale de AMR (AMR), de Deutsche Lufthansa (>> Deutsche Lufthansa AG) et du malaisien AirAsia (5099.KU) dans sa campagne contre l'opacité des commissions aéroportuaires et l'absence de consultation commune en Europe, a ajouté Marnix Fruitema.

L'IATA a affirmé qu'elle examinait actuellement la question. "Il est inquiétant que les aéroports augmentent leurs charge sans justification et sans consultations des usagers des aéroports", a observé un responsable de l'association basée à Singapour, Albert Tjoen.

"Par le passé, nous avons obtenu des consultations fructueuses en Indonésie, au Japon, en Corée du Sud et en Thaïlande, mais beaucoup d'autres campagnes sont en cours. Cela inclut Dehli, Manille et Singapour", a-t-il ajouté.

Les aéroports asiatiques investissent massivement pour répondre à la croissance du trafic. Le trafic passagers dans la région Asie-Pacifique pourrait s'envoler à plus de 4 milliards de passagers d'ici à 2029, contre 1,2 milliard de passagers en 2009, selon les dernières prévisions du Conseil international des aéroports (ACI).

La controverse autour des commissions aéroportuaires prend une dimension critique en Inde, où l'aéroport international Indira Ghandi de Dehli prévoit un quadruplement des charges à partir du 1er avril 2013. En conséquence, American Airlines et AirAsia ont décidé d'arrêter leurs vols en direction de l'aéroport.

Delhi est appelé à devenir l'aéroport le plus cher d'Asie, avec 17.000 euros de charges pour l'atterrissage d'un Boeing 747-400, selon Air France-KLM. A l'aéroport de Schiphol à Amsterdam, les frais s'élèvent pour ce type d'opération à 9.000 euros, a ajouté la compagnie aérienne.

L'augmentation prévue des commissions aéroportuaires pourrait nuire aux "ambitions de Dehli qui aspire à devenir une plateforme comptant 100 millions de passagers", a indiqué Albert Tjoen, de l'IATA. "Le résultat sera perdant tant pour l'aéroport que pour les compagnies aériennes".

Air France-KLM a noté que le niveau élevé des charges ne posait pas seulement problème en Inde. "A Manille, nous payons chaque année 3,5 millions d'euros de frais, qui ne s'appliquent qu'aux compagnies étrangères", ce qui est contraire aux règles de l'Organisation mondiale du Commerce et de l'Organisation de l'aviation civile internationale, a souligné Marnix Fruitema.

"Il est absurde que l'aéroport de Delhi vise un rendement de 17% sur son investissement, et celui de Changi à Singapour, même 25%, alors que leurs clientes, les compagnies aériennes, doivent se contenter, les meilleures années, d'atteindre un rendement de 5%", a ajouté le dirigeant.

-Bart Koster, Dow Jones Newswires

(Version française Céline Fabre)

Valeurs citées dans l'article : AIR FRANCE -KLM, Deutsche Lufthansa AG