Le conseil d'administration, initialement prévu ce lundi à 18h00 et reporté à 9h30 mardi, devrait introniser un duo constitué de l'ex-patron d'EDF Henri Proglio comme président non exécutif et de l'actuel numéro deux de Thales Patrice Caine au poste de directeur général, a précisé l'une des sources.

Plus de deux mois après l'annonce du départ de Jean-Bernard Lévy chez EDF, les discussions avaient de nouveau achoppé lundi, cette fois sur la composition du conseil d'administration, avaient précisé plusieurs sources plus tôt dans la journée.

Aucune raison n'a été fournie dans l'immédiat mais, selon ces sources, ce dernier différend portait sur la nécessaire adaptation du conseil à la nomination du ticket Proglio-Caine.

Cette modification de la gouvernance de l'équipementier d'aérospatiale et de défense avait été révélée dès novembre par Reuters.

Pour Patrice Caine, la situation est simple: il prendrait le siège du secrétaire général Philippe Logak, nommé fin novembre PDG par intérim pour éviter une vacance du pouvoir lors de la prise de fonction de Jean-Bernard Lévy chez EDF.

C'est sur l'entrée au conseil de Thales d'Henri Proglio, réputé proche de la famille Dassault, que se sont cristallisées les tensions, ont précisé les sources.

L'Etat souhaitait que Dassault renonce à l'un de ses administrateurs, mais le groupe industriel refusait car la perte d'un de ses quatre sièges au conseil le placerait en déséquilibre face à l'Etat qui en conserverait cinq, a précisé l'une de ces sources.

Le conseil de Thales comporte au total 16 membres.

Le groupe n'a pas souhaité faire de commentaire, tandis que ni Dassault ni Bercy n'étaient immédiatement disponibles.

MACRON A LA MANOEUVRE

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron est directement à la manoeuvre pour l'Etat dans ce dossier épineux, les deux actionnaires ayant déjà eu du mal à se mettre d'accord fin 2012 sur la succession de Luc Vigneron, le prédécesseur de Jean-Bernard Lévy, avant de déboucher sur un consensus juste avant Noël.

Le même scénario semble se reproduire cette fois-ci.

L'Etat avait annoncé la nomination de Jean-Bernard Lévy à la tête de l'électricien le 15 octobre à la surprise générale, y compris celle de Dassault.

Le processus a dû redémarrer après avoir quasiment abouti sur un choix consensuel, a expliqué mercredi dernier à des journalistes Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, lors de la présentation du nouveau jet Falcon 8X.

"C’est le flou total, ça évolue de minute en minute", a déclaré dans la journée une source proche du dossier.

"Il n'y a pas de discussion sur le choix d'Henri Proglio en tant que tel", a-t-elle toutefois ajouté.

L'Etat et Dassault Aviation, qui détiennent respectivement 26,4% et 25,3% de Thales, sont liés par un pacte d'actionnaires qui court au moins jusqu'au 31 décembre 2016.

"Le pacte d’actionnaires peut vaciller si les deux parties n’arrivent pas à se mettre d’accord, même si c’est un scénario noir encore prématuré", ont déclaré deux sources proches du dossier.

La situation chez Thales contraste avec celle de l'autre grand équipementier français d'aérospatiale et de défense, Safran.

Ce groupe a, lui, pris les devants en nommant dès début décembre un tandem choisi en interne pour succéder au PDG Jean-Paul Herteman dont le mandat s'achève fin avril 2015.

L'action Thales a clôturé en baisse de 1,05% à 44,625 euros et Dassault Aviation en recul de 0,71% à 1.064 euros alors que l'indice SBF 120 a progressé de 0,35%.

Thales a parallèlement annoncé lundi soir avoir obtenu une ligne de crédit renouvelable de 1,5 milliard d'euros auprès de 15 établissements bancaires.

(Avec Jean-Baptiste Vey et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Jean-Michel Bélot et Matthieu Protard)

par Cyril Altmeyer

Valeurs citées dans l'article : AIRBUS GROUP, SAFRAN, THALES, EDF, DASSAULT AVIATION