NEW YORK (awp/afp) - Le site américain d'informations à sensation Gawker a déposé le bilan vendredi, acculé par une lourde condamnation à 140 millions de dollars de dommages et intérêts mi-mars, au terme d'un procès financé par un milliardaire en quête de vengeance.

Gawker s'est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les défaillances d'entreprise, qui permet à une société de se restructurer sans mettre obligatoirement la clef sous la porte, selon un document déposé devant un tribunal de New York.

Sollicité par l'AFP, Gawker n'a pas donné suite.

Selon le document daté de vendredi, Gawker évalue ses actifs entre 50 et 100 millions de dollars, mais aussi son passif entre 100 et 500 millions de dollars, ce qui dit bien à quel point la situation comptable de la société était déséquilibrée.

Dans la liste des créanciers du groupe figure en première ligne Terry Gene Bollea, plus connu sous le nom de Hulk Hogan.

Ce célèbre catcheur américain a obtenu, mi-mars, la condamnation de Gawker à 140 millions de dollars de dommages et intérêts pour avoir diffusé une vidéo le montrant en train d'avoir une relation sexuelle avec la femme d'un de ses amis.

Gawker avait fait appel de la décision mais avait mandaté des banquiers pour étudier tous les scénarios possibles en cas de confirmation de la décision, y compris la vente du site.

L'actionnaire principal de Gawker est son fondateur Nick Denton, qui contrôle 68% du capital.

Fin mai, le milliardaire Peter Thiel, cofondateur d'eBay, a révélé avoir financé la défense d'Hulk Hogan lors de cette procédure, pour un total de dix millions de dollars environ.

L'investisseur s'en défend, mais l'affaire a tout de la vengeance, car un blog de Gawker avait révélé l'homosexualité de Peter Thiel en 2007.

Cette initiative a lancé un débat autour de la liberté de la presse et du pouvoir des grandes fortunes d'internet.

Plusieurs figures de la Silicon Valley ont pris fait et cause pour Peter Thiel, tandis que d'autres ont publiquement regretté sa démarche.

Le fondateur et PDG d'Amazon, Jeff Bezos, s'est inquiété du possible "climat de peur" que pourrait inspirer ces pratiques, affectant ainsi la liberté d'expression.

Fin mai, le groupe de presse First Look Media, créé par le fondateur d'eBay, Pierre Omidyar, a indiqué qu'il se préparait à se joindre à l'appel de Gawker après sa condamnation, pour soutenir le site.

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