par Caroline Valetkevitch

NEW YORK, 14 février (Reuters) - La saison en cours de résultats trimestriels des entreprises américaines déçoit les investisseurs et pourrait en outre faire peser une menace sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis.

Les résultats au quatrième trimestre 2015 qui tombent sont souvent inférieurs à des consensus pourtant peu optimistes et les analystes continuent de réduire leurs prévisions à la fois pour les bénéfices et le chiffre d'affaires pour le premier trimestre 2016.

C'est une mauvaise nouvelle pour les marchés actions et, selon plusieurs analystes, l'une des raisons qui expliquent le repli de Wall Street depuis le début de l'année.

Les secteurs de l'énergie et des matériaux sont les plus touchés parce qu'ils sont exposés directement à la chute des cours du pétrole et des ressources de base mais personne n'est épargné, par même de grands noms comme Apple.

Les multinationales très exposées à l'exportation souffrent notamment de la vigueur du dollar et du ralentissement de la demande mondiale.

Les prévisions pour le premier trimestre 2016 sont ainsi en baisse pour les 10 indices sectoriels du S&P-500, l'indice vedette de Wall Street qui a perdu quelque 9% depuis le 31 décembre.

MOINS D'EMBAUCHES ?

Ces résultats en berne sont publiés alors que la croissance de l'économie américaine ralentit, ce qui suggère que les entreprises américaines pourraient non seulement réduire davantage leurs dépenses d'investissement mais également embaucher moins, remettant ainsi en cause l'amélioration observée depuis quelque temps sur le marché du travail.

Le redressement du marché de l'emploi est l'une des raisons qui a motivé la décision de la Réserve fédérale de relever ses taux d'intérêt en décembre dernier, pour la première fois depuis près de 10 ans. Une détérioration sur ce front jetterait un doute supplémentaire sur la capacité de la Fed à relever encore ses taux cette année.

Les prévisions pour la saison de résultats en cours font état d'un chiffre d'affaires en baisse de 3,4% en moyenne au quatrième trimestre 2015 pour l'ensemble des entreprises qui composent le S&P-500.

"Je n'ai jamais vu dans ma carrière des créations d'emploi alors que la croissance du chiffre d'affaires du S&P-500 est négative", fait valoir Nick Raich, fondateur du cabinet de recherches Earning Scouts. "Il y a donc un point d'interrogation sur la soutenabilité de l'amélioration sur le front de l'emploi".

La situation est un peu meilleure sur le plan des bénéfices qui sont souvent supérieurs aux attentes mais dans ce domaine non plus, les résultats n'ont rien de spectaculaire.

En se basant sur près de 75% des sociétés du S&P-500 ayant déjà publié leurs résultats et sur une estimation pour les autres, les bénéfices au quatrième trimestre pourraient avoir reculé de 4% sur un an.

"Nous n'allons pas dans la bonne direction en matière de bénéfices", explique Daniel Morgan, gérant de portefeuille pour Synovus Trust Company. "La croissance n'est pas seulement négative, elle l'est de plus en plus."

(Patrick Vignal pour le service français)