En repli de plus de 8% à 3,199 euros, ArcelorMittal accuse la plus forte baisse du CAC 40, pénalisé pour la seconde séance d'affilée par son augmentation de capital de trois milliards de dollars. Ce matin, plusieurs brokers ont mal réagi à cette opération que certains observateurs qualifient de "sauvetage". Selon une source de marché, Berenberg a dégradé sa recommandation sur la valeur d'Achat à Conserver et réduit son objectif de cours de 5,50 à 3,60 euros. Le courtier ne s'attendait pas à ce que le premier sidérurgiste mondial lance un appel au marché aussi tôt.

Pour le bureau d'études allemand, cela démontre que les risques sur les perspectives du groupe sont plus élevés qu'estimé auparavant.

Autre broker sceptique, Deutsche Bank a abaissé son objectif de 4,50 à 4 euros tout en réitérant son opinion Conserver. La banque allemande souligne que la décision d'ArcelorMittal de ne pas céder une partie de ses actifs non stratégiques valorisés quatre milliards de dollars dans ses comptes est liée à la faible valorisation effective de ces derniers. Le courtier estime que leur valeur réelle pourrait être nettement inférieure à leur valeur comptable, justifiant le statu quo du groupe.

Seul point positif, Exane BNP Paribas a lui relevé son opinion sur ArcelorMittal de Sous-performance à Neutre tout en maintenant son objectif de cours de 3,5 euros. L'analyste reste plus prudent que le management concernant les perspectives du marché de l'acier. Pour autant, il apprécie les mesures radicales prises par le groupe (augmentation de capital et nouvelles mesures de réduction de coûts) pour réduire sa dette et renforcer son bilan.

Vendredi dernier, ArcelorMittal a surpris les investisseurs en publiant avec une semaine d'avance des résultats 2015 marqués par la plus lourde perte de son histoire (7,9 milliards de dollars) et l'annonce d'une augmentation de capital de trois milliards de dollars qui sera souscrite à 37% par la famille Mittal.


AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Numéro un mondial de la sidérurgie avec 6 à 7 % de la production mondiale d’acier, intervenant en Europe (45 % des ventes), Amériques (39 %) et Afrique-Asie (16 %);
- Intégration verticale des activités, de l’extraction à la distribution, ce qui limite la dépendance aux cours des matières premières : aciers plats (32 % des ventes), aciers longs (26 %), produits tubulaires (12 %), négoce (19 %) et mines (6 %) ;
- Fortes positions dans les pays émergents, notamment le Brésil et l’Afrique du Sud ;
- Statut boursier de pure player depuis la scission de l’activité Acier Inoxydable, cotée en Bourse depuis 2011 sous le nom d’Aperam ;
- Poursuite de la réduction de la dette en 2014 ramenée à ses niveaux de la fusion et liquidités importantes.

Les points faibles de la valeur
- Stratégie industrielle fondée sur l’intégration verticale –des mines aux aciéries- peu créatrice de valeur ;
- Manque de rentabilité en Europe, 60 % du bénéfice d’exploitation provenant des Etats-Unis et du Brésil, et fort ralentissement de la croissance chinoise ;
- Rentabilité des mines affectée par la baisse du prix du minerai de fer ;
- Forte sensibilité à l‘évolution des prix de l’acier, revenus à leur niveau de 2009, 80 % des ventes s’effectuant au prix « spot » (prix de marché) ;
- Avertissement sur résultat au premier semestre 2015 du fait des difficultés des mines et de l’affaiblissement du marché aux Etats-Unis ;
- Risque de nouvelles délocalisations d’Europe, en raison du durcissement des réglementations sur le CO2 .
- Stratégie peu convaincante pour le marché, où la valeur cote près de ses plus bas de 2003.

Comment suivre la valeur
- Forte sensibilité aux prix du minerai de fer et à la dynamique de croissance des pays émergents, notamment la Chine et, aussi, aux politiques de protection de l’acier en Europe ;
- Comptes publiés en dollars ;
- Résultat de l’enquête antidumping de la Commission européenne sur les aciers laminés à froid russes et chinois ;
- Evolution de la division mines, où est lancé un plan de réduction des coûts ;
- Réalisation de l'objectif 2015 d'un excédent brut d'exploitation entre 6 et 7 Md$ et d’un free cash-flow positif ;
- Aucun attrait spéculatif - entreprise détenue à 39,35 % par la famille Mittal- et faible protection des actionnaires minoritaires pour la seule société du CAC 40 de droit luxembourgeois.

Produits de base - Métaux
Les acteurs sont touchés par la baisse générale des cours des matières premières. En 2014 la baisse des investissements dans le secteur minier a significativement touché l'exploration. Le budget mondial consacré à l'exploration des métaux non ferreux a chuté de 25%, à 11,4 milliards de dollars. Après avoir dégringolé en 2014 (-49% en valeur,-23% en nombre), les transactions dans les secteurs mines et métaux ont poursuivi leur chute au premier trimestre (-18% en valeur). Contraints par la baisse des cours, les grands groupes prennent plutôt des mesures de réorganisation. Ainsi Rio Tinto va concentrer ses actifs en quatre spécialités : fer, aluminium, cuivre et charbon, diamants et minéraux. De même, le brésilien Vale pourrait séparer sa branche métaux industriels du reste du groupe. BHP Billiton a annoncé une scission de ses activités les moins stratégiques. La nouvelle société réunira 22 actifs du leader mondial de la production de matières premières. La nouvelle entité sera valorisée autour de 10 milliards de dollars. Le géant minier se focalisera désormais sur l'extraction de minerai de fer, de charbon, de cuivre, pétrole et de la potasse.