Le projet s'inscrit dans le cadre du mouvement de consolidation qui agite actuellement le marché mondial des paiements, motivé à la fois par l'essor des paiements en ligne et par l'émergence de nouveaux acteurs face aux intermédiaires traditionnels, pour la plupart issus du secteur bancaire.

Parmi les opérations annoncées ces derniers mois figurent ainsi le projet de rachat d'un autre britannique Paysafe par un consortium de fonds de capital-investissement pour trois milliards de livres et l'offre de 1,5 milliard d'euros du français Ingenico sur le suédois Bambora.

Si le projet Vantiv-Worldpay a été annoncé dès le 5 juillet, il a fallu plus d'un mois aux deux sociétés pour boucler l'offre formelle, en raison notamment des enjeux sensibles de gouvernance et de préservation de l'emploi au Royaume-Uni.

Le nouvel ensemble formé par Worldpay et Vantiv - l'un comme l'autre ex-filiales de groupes bancaires - s'appellera Worldpay et son siège social se trouvera à Cincinnati, aux Etats-Unis. Sa principale place de cotation sera la Bourse de New York mais il sera également coté à Londres.

L'accord prévoit que les actionnaires de Worldpay recevront 55 pence en numéraire et 0,0672 action nouvelle Vantiv pour chaque titre apporté, un acompte sur dividende de 0,8 pence par action Worldpay et un dividende exceptionnel de 4,2 pence.

L'opération valorise au total l'ancienne filiale de la banque britannique Royal Bank of Scotland (RBS) à 397 pence par action.

1.500 MILLIARDS DE DOLLARS DE TRANSACTIONS

"Notre groupe combiné aura une taille sans précédent, une gamme complète de solutions et la présence mondiale nous permettant de devenir le partenaire mondial de choix dans le secteur des paiements", a déclaré le PDG de Vantiv, Charles Drucker, ajoutant que le rapprochement permettrait des gains en matière de taille et de technologies.

Les actionnaires actuels de Vantiv détiendront environ 57% du nouveau groupe, qui affichera une valeur d'entreprise pro forma de plus de 22 milliards de livres.

Vantiv a accepté de débourser une prime de 22,7% par rapport au cours de clôture de Worldpay le 3 juillet, veille de l'annonce initiale par le britannique de marques d'intérêt de l'américain. A 10h55 GMT, le titre Worldpay gagnait 0,13% à 384,1 pence dans un marché en net repli.

Les opérations internationales du nouveau groupe seront dirigées depuis le Royaume-Uni, mais les salariés britanniques ne bénéficieront d'aucune garantie particulière en matière de préservation de l'emploi.

Le nouvel ensemble traitera environ 1.500 milliards de dollars (1.275 milliards d'euros) de paiements et 40 milliards de transactions via plus de 300 méthodes de paiement dans 146 pays et 126 devises, avec un chiffre d'affaires net combiné de plus de 3,2 milliards de dollars.

"Nous créons une véritable plate-forme mondiale appelée à se développer", a assuré le directeur général de Worldpay, Philip Jansen, ajoutant que le groupe serait numéro un aux Etats-Unis et en Europe et qu'il avait des perspectives de croissance en Amérique latine et dans la zone Asie-Pacifique.

UN MARCHÉ ENCORE FRAGMENTÉ

Le groupe sera dirigé par le patron de Vantiv, Charles Drucker, nommé président exécutif et codirecteur général. Philip Jansen sera co-directeur général.

L'opération, recommandée à l'unanimité par le conseil d'administration de Worldpay, devrait s'achever début 2018 sous réserve de l'obtention des autorisations réglementaires nécessaires.

Le projet prévoit des synergies avant impôt d'environ 200 millions de dollars en base annuelle, un montant qui devrait être atteint à l'issue de la troisième année après la réalisation de la fusion.

Il table parallèlement sur quelque 330 millions de dollars de coûts de restructuration et d'intégration.

Pour Craig Bonthron, gérant de fonds de Kames Capital, le rachat de Worldpay par Vantiv contribuera à la consolidation d'"un marché fragmenté tout en diversifiant les revenus de Vantiv au-delà des 'gros' distributeurs américains en difficulté".

Pour les analystes de Barclays, qui disent s'attendre à "une décennie de consolidation" sur ce marché, le développement de plates-formes de commerce intégrées rassemblant gestion des transactions, gestion de la relation client et services annexes comme l'analyse de données, les changes, voire le crédit, met sous pression le modèle économique traditionnel.

Notant que l'Europe est en retard sur les Etats-Unis en matière de consolidation, ils ajoutent que "l'étape suivante logique pour les grands acquéreurs américains est désormais d'augmenter leur présence géographique".

(avec Arathy Nair et Simon Jessop; Claude Chendjou et Marc Angrand pour le service français, édité par Benoit Van Overstraeten)

par Pamela Barbaglia