L'action Euronext gagnait 2,8% à la Bourse de Paris dans l'après-midi; en revanche, les titres Deutsche Börse et LSE cédaient respectivement 0,63% et 0,3%.

S'exprimant chacun dans un communique distinct, Deutsche Börse, LSE et Euronext soulignent que les négociations ont été ouvertes en vue d'apaiser les inquiétudes de la Commission européenne concernant le rapprochement entre les Bourses de Francfort et Londres.

Il n'y a "aucune certitude que les pourparlers aboutiront à une transaction", ont ajouté les groupes.

Les deux plate-formes espèrent aussi que vendre LCH Clearnet SA à Euronext convaincra les Français de ne plus s'opposer à la fusion, selon des sources au fait de la transaction.

Cette cession ne suffira peut-être pas et LSE Group devra éventuellement vendre d'autres actifs pour obtenir le feu vert de l'exécutif européen, observe Jonathan Goslin, analyste de Numis Securities.

La semaine dernière, Deutsche Börse et LSE, qui veulent fusionner dans le cadre d'une opération valorisée à 27 milliards d'euros, avaient fait savoir que le projet de cession par LSE de LCH.Clearnet SA continuait de progresser.

Ils avaient également dit à cette occasion que la Commission européenne semblait nourrir moins d'inquiétudes au sujet de leur projet de rapprochement qu'il y a trois mois.

La Commission a dit fin octobre qu'elle allait prolonger de trois semaines, jusqu'au 6 mars, la durée de l'enquête approfondie ouverte sur ce projet.

Les chambres de compensation, qui interviennent comme intermédiaires entre vendeurs et acheteurs sur les marchés d'actions, d'obligations et de produits dérivés pour assurer la bonne exécution des transactions même en cas de défaut de l'une des parties, sont devenues très prisées depuis les réformes du secteur bancaire mises en oeuvre après la crise financière de 2007-2009.

Le rachat de LCH.Clearnet SA permettrait à Euronext, opposé à la fusion entre LSE et Deutsche Börse, de renforcer ses positions dans le très compétitif marché de la compensation et lui permettrait de contrôler une entité dont elle assure, à travers les ordres de ses clients, environ 50% du chiffre d'affaires. Mais ce faisant Euronext se tirerait aussi une balle dans le pied en facilitant indirectement la création d'un mastodonte européen à travers la fusion entre LSE et Deutsche Börse.

En outre, des acteurs non européens tels qu'Intercontinental Exchange et CME Group lui feraient concurrence dans le domaine de la compensation de dérivés.

Des analystes de Crédit Suisse écrivaient en septembre qu'une acquisition financée par de la dette serait pour Euronext relutive de 10% à 15% avant synergies, suivant l'actif racheté à LSE Group.

(Edward Taylor et Vidya L Nathan à Bangalore, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Andreas Kröner et Edward Taylor