--EDF et le gouvernement sont en négociations sur la taxe CSPE; Henri Proglio espère une décision avant la fin de l'année

--Les contrats gaziers avec le Qatar et la Libye vont être renégociés, ce qui pourrait contribuer à hauteur de 600 millions d'euros à l'Ebitda

--EDF réaffirme ses objectifs à moyen terme

(Actualisation: prévisions détaillées pour 2012 et le moyen terme à partir du deuxième paragraphe, mise à jour du cours de Bourse avec réaction d'analystes aux huitième et neuvièmes paragraphes, commentaires du PDG et du directeur financier notamment sur la CSPE et la renégociation de certains contrats à partir du onzième paragraphe)

Electricité de France(>> EDF) a confirmé mardi ses objectifs annuels et de moyen terme, après l'annonce d'une hausse de 2,7% de son résultat net au premier semestre, due à la hausse des tarifs régulés et à une meilleure maîtrise des coûts, malgré une baisse de la production d'énergie nucléaire.

Le géant de l'électricité a réitéré sa prévision d'un excédent brut d'exploitation (Ebitda) compris entre 15,8 milliards et 16,2 milliards d'euros en 2012, ainsi que d'un résultat net d'environ 4 milliards d'euros. Le groupe prévoit pour l'ensemble de l'année une production nucléaire de l'ordre de 415 térawatt-heure (TWh), soit un niveau inférieur à son estimation initiale de 420 à 425 TWh.

Le géant de l'énergie dépend en grande partie du nucléaire et des usines hydroélectriques pour produire de l'énergie. Mais 2012 pourrait bien marquer un tournant pour EDF, le gouvernement socialiste cherchant à réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique français. A l'heure actuelle, le nucléaire représente environ 75% de l'énergie consommée en France. Cette évolution fait suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon l'année dernière, qui a mis en évidence les risques liés à l'énergie nucléaire.

Le groupe a confirmé ses objectifs de moyen terme et indiqué que "les objectifs 2012 sont conformes à ces perspectives" et que le dividende versé au titre de 2012 "au moins stable par rapport à celui versé au titre de 2011".

Pour la période 2011-2015, le groupe prévoit une croissance annuelle moyenne de 4% à 6% de son excédent brut d'exploitation et une hausse annuelle moyenne de 5% à 10% de son résultat net courant à taux de change et périmètre constants. EDF prévoit aussi un ratio de distribution compris entre 55% et 65%.

Au premier semestre, l'Ebitda a progressé de 4,6%, à 9,08 milliards d'euros contre 8,68 milliards d'euros à la même période un an plus tôt, tandis que le bénéfice net a affiché la même hausse, passant de 2,65 milliards d'euros pour les six premiers mois de l'année 2011 à 2,77 milliards d'euros cette année. Le résultat courant, qui exclut les éléments exceptionnels, a lui progressé de 2,7%, à 2,90 milliards d'euros, un montant supérieur à celui anticipé par le directeur financier du groupe, Thomas Piquemal.

La dette nette d'EDF atteignait 39,7 milliards d'euros fin juin, ce qui représente 2,5 fois l'Ebitda du groupe et le maximum envisagé par le groupe lui-même.

Même si les analystes s'attendaient à une révision à la hausse des prévisions après les résultats du premier semestre, l'action s'échangeait à 13h15 en hausse de 1,1%, à 16,78 euros.

"La baisse de l'objectif de production nucléaire en France explique en partie le maintien des perspectives malgré un bon premier semestre", observent les analystes de Goldman Sachs, qui recommandent EDF à "neutre".

La production hydroélectrique, suite à un printemps pluvieux en Europe, a progressé de 5,9 TWh par rapport au premier semestre 2011 et a soutenu la production totale du groupe. A l'inverse, la production nucléaire a chuté de 10,6 TWh en France. Elle a également chuté de 1,2 TWh au Royaume-Uni. "La hausse de la production hydraulique et des énergies nouvelles permet de pallier en partie une baisse de la production nucléaire liée aux arrêts programmés et aux prolongations d'arrêts plus importantes ce semestre, en France", a expliqué le président-directeur général, Henri Proglio, dans un communiqué.

Sur les six premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires a crû de 8,2% à 36,2 milliards d'euros, contre 33,46 milliards d'euros un an plus tôt.

Quant à la Contribution au service public de l'électricité (CSPE), le déficit entre les coûts et les recettes s'est accru et atteignait 4,5 milliards d'euros à la fin du mois de juin. La CSPE est une taxe destinée à financer les missions de service public d'EDF, ce qui lui permet notamment de proposer les mêmes tarifs dans les territoires d'outre-mer qu'en métropole. Elle permet aussi d'acquérir la production d'énergie des éoliennes et des panneaux solaires à des tarifs élevés afin d'encourager ces modes de production.

Henri Proglio, a déclaré que des discussions étaient en cours avec le gouvernement concernant ce déficit croissant. L'une des solutions consisterait à faire contribuer les opérateurs gaziers et électriques aux coûts des missions de service public, au moins pour les énergies renouvelables, a-t-il ajouté.

Les contrats gaziers avec le Qatar et la Libye devraient être renégociés, ce qui pourrait accroître de 600 millions d'euros l'Ebitda annuel, selon Thomas Piquemal. Le contrat gazier avec l'Algérie pourrait être renégocié en 2013, a-t-il ajouté.

Henri Proglio n'a pas souhaité faire de commentaire sur la politique énergétique du gouvernement ou l'éventuelle fermeture des plus vieux réacteurs nucléaires d'EDF dans l'Est de la France.

-Géraldine Amiel, Dow Jones Newswires

(Marion Issard a contribué à cet article)

(Version française Marc Daniel)

Valeurs citées dans l'article : EDF