Blackout pour EDF à la Bourse de Paris. En baisse de 3,34% à 18,085 euros, le titre de l'électricien accuse de très loin la plus forte baisse du CAC 40. Il faut dire que les nouvelles communiquées par le PDG, Jean-Bernard Lévy, ne sont guère réjouissantes. Le réacteur nucléaire de type EPR en cours de construction à Flamanville, dans la Manche, n'entrera finalement en service qu'au quatrième trimestre 2018. Et bien sûr, son coût de construction a été rallongé de deux milliards d'euros pour atteindre désormais 10,5 milliards d'euros.

EDF, chargé du chantier et de la future exploitation du réacteur, avait annoncé en novembre 2014 un nouveau report de sa mise en service, pour 2017, sans toutefois réévaluer son dernier devis de 8,5 milliards d'euros, qui datait de fin 2012.

Estimé à trois milliards d'euros lors de l'annonce du projet en 2004, le premier réacteur nucléaire français de troisième génération, d'une puissance de 1 650 mégawatts (MW) conçu par Areva devait initialement entrer en service en 2012 et permettre de persuader les clients potentiels que l'EPR est le plus performant du monde par sa sûreté, sa puissance et ses coûts de fonctionnement.

Mais, l'accumulation des déboires a fait de ce projet le pire cauchemar d'EDF. Jean-Bernard Lévy reste néanmoins confiant, l'EPR sera bel et bien raccordé au réseau. C'est d'ailleurs la première fois qu'un dirigeant s'engage personnellement sur une date précise et un coût final, en s'appuyant sur un plan d'"optimisation du pilotage" du chantier.

D'un point de vue politique, ce nouveau report ne fait pas les affaires de François Hollande qui s'est engagé à fermer la centrale de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, d'ici la fin de son quinquennat. Or, la loi de transition énergétique adoptée en juillet prévoit un plafonnement de la capacité de production nucléaire française à son niveau actuel de 63,2 gigawatts et ce n'est donc que lors du lancement de Flamanville qu'EDF devra sortir Fessenheim du réseau....

(P-J.L)