Avec cette cure d'amaigrissement radicale, qui passera par plus de 20 milliards de dollars (17 milliards d'euros) de cessions d'actifs et des réductions d'effectifs, le conglomérat fondé il y a 125 ans espère un retour en grâce auprès des investisseurs qui boudent son titre depuis 15 ans.

GE a parallèlement revu à la baisse ses objectifs de résultats et annoncé une réduction de moitié de son dividende trimestriel à compter de décembre.

Le titre perd 5,71% à 19,32 dollars à 17h08 GMT à Wall Street, après avoir touché un plus bas depuis juin 2012 à 19,22 dollars, les investisseurs se demandant comment le groupe aminci pourra générer suffisamment de trésorerie pour justifier sa valorisation.

A ce cours, la capitalisation boursière de GE n'est plus que de 168 milliards de dollars.

"Les chiffres annoncés traduisent une performance industrielle inférieure aux objectifs et un consensus des attentes de résultats qui selon nous reste trop élevé", déclare Stephen Tusa, analyste chez JP Morgan.

Le titre GE, en baisse de 35% depuis le début de l'année, est de loin la lanterne rouge du Dow Jones dont il est aussi la plus ancienne des 30 composantes, ayant intégré l'indice phare de la Bourse de New York en 1896.

Depuis septembre 2001, quand Jeff Immelt avait pris la direction du groupe pour ne la céder que cette année, l'action a fait du surplace, générant un retour négatif même après réinvestissement des généreux dividendes de GE.

John Flannery, qui a succédé à Jeff Immelt le 1er août, a affirmé lundi qu'il entendait "redonner de l'oxygène" au groupe en restaurant ses niveaux de trésorerie et ses résultats.

Lors d'une présentation à New York, il a expliqué qu'il se séparerait "sans état d'âme" des actifs les moins rentables du groupe pour ne conserver que les activités disposant d'un potentiel de croissance, d'une position de leader et d'une large base de clientèle installée.

Selon des analystes, GE pourrait quitter des domaines comme l'éclairage, les transports ou les hydrocarbures, et réduire aussi son "empreinte" d'usines de production dans le monde.

25% DES POSTES SUPPRIMÉS AU SIÈGE

Le groupe prévoit en outre de supprimer 25% des postes à son siège de Boston, a dit la directrice financière Jamie Miller. Le conseil d'administration sera parallèlement ramené de 18 à 12 membres, dont trois nouveaux entrants en 2018.

L'approche de John Flannery tranche avec la stratégie multi-branches de Jeff Immelt et avant lui de l'emblématique Jack Welch, qui avaient fait de GE un conglomérat présent dans les médias, l'énergie, la finance, l'aéronautique, les chemins de fer, les moteurs pour bateaux et la chimie.

Jeff Immelt avait aussi investi massivement dans les logiciels industriels, censés gérer et optimiser les performances des moteurs, centrales, locomotives et autres produits de GE, sans jamais convaincre les analystes du surcroît de valorisation apporté par ces activités numériques.

Le groupe s'est fixé un objectif de bénéfice par action compris entre 1,00 et 1,07 dollar pour l'année prochaine, à comparer à une précédente prévision de 2,00 dollars.

Il a aussi annoncé une réduction de moitié de son dividende trimestriel, à 12 cents, mesure qui doit lui permettre d'économiser quatre milliards de dollars par an.

GE n'avait réduit son dividende qu'à deux reprises pendant ses 125 d'histoire, lors de la Grande Dépression de 1929 et durant la crise financière de 2007-2009.

"Cette baisse du dividende constituera une forte déception pour les actionnaires individuels qui représentent environ 40% de l'actionnariat de GE", relève Deane Dray, analyste de RBC Capital Markets.

GE s'épargne ainsi pour 4,12 milliards de dollars de versements, ce qui en fait la huitième plus forte baisse du dividende jamais annoncée par une société du S&P-500, selon Howard Silverblatt, analyste chez S&P Dow Jones Indices.

La plus forte baisse, de 8,87 milliards de dollars, était aussi le fait du groupe, en 2009.

GE a dit prévoir une génération de trésorerie ajustée de 6-7 milliards de dollars en 2018, contre trois milliards en 2017.

Le groupe s'est déjà séparé ces dernières années de ses actifs financiers regroupés au sein de la branche GE Capital et qui l'avaient fortement handicapé pendant la dernière crise.

Sa réduction de dividende est la première qui n'intervienne pas en période de crise financière.

A sa clôture de vendredi, l'action GE accusait une baisse de 35,2% depuis le 1er janvier, à comparer à un gain de 18,5% pour l'indice Dow Jones.

(Alwyn Scott à New York et Ankit Ajmera à Bangalore, avec la contribution de Lewis Krauskopf, Véronique Tison pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Alwyn Scott et Ankit Ajmera