par Sarah White

VILLAVERDE, Espagne, 23 février (Reuters) - L'Espagne est jusqu'à présent restée discrète, contrairement à l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, dans le dossier PSA-Opel mais elle offre à Carlos Tavares, le président du directoire de PSA , un potentiel d'économies rapides qui pourrait l'aider à convaincre ses actionnaires de la pertinence d'un rapprochement.

A eux deux, PSA et Opel exploitent trois usines en Espagne qui emploient au total près de 13.000 personnes.

Le site PSA de Villaverde, dans le sud de l'agglomération de Madrid, qui date des années 1950, a échappé à la fermeture ces dernières années grâce à son exclusivité sur la production de la Citroën C4 Cactus. Mais la production de ce modèle a chuté l'an dernier, contraignant 1.300 de ses 1.700 salariés à du chômage partiel. Selon des estimations d'analystes, l'usine produit à environ 40% de ses capacités.

Des sources expliquent que l'assemblage de la C4 Cactus pourrait facilement être transféré au site d'Opel à Saragosse ou à celui de PSA à Vigo, ce qui permettrait de porter le taux d'utilisation des capacités de ces deux sites à 85% contre environ 70% aujourd'hui selon les calculs de Reuters, effectués sur la base d'estimations d'analystes et de chiffres fournis par des sources au sein de PSA et Opel sur l'utilisation des usines de Saragosse et Vigo.

Les deux constructeurs ont refusé de commenter ces chiffres.

"Les salariés de Villaverde sont plus inquiets aujourd'hui que ceux des autres sites espagnols", explique-t-on de source syndicale. "C'est un site qui est sous-utilisé. Il a réussi à survivre jusqu'à maintenant uniquement parce qu'il a donné à Tavares ce qu'il voulait en termes de coûts et de flexibilité."

MADRID PARLE DE "BONNES" RELATIONS AVEC PSA ET OPEL

Des sources syndicales expliquent toutefois que la productivité par salarié de Villaverde est supérieure à la moyenne européenne et que les coûts salariaux y sont faibles.

Interrogé sur l'éventualité d'une fermeture du site en cas de rachat d'Opel, une source au sein de PSA en Espagne a déclaré qu'il était trop tôt pour évaluer l'impact d'un accord.

Bien plus que des réductions d'effectifs, les économies attendues d'un rapprochement PSA-Opel, qui pourraient atteindre jusqu'à deux milliards d'euros par an, proviendraient de la convergence des plates-formes et des moteurs, qui permet de réduire les coûts de recherche-développement et les coûts d'achats.

Il est toutefois trop tôt pour dire si cela suffira à épargner l'emploi en Espagne, voire à favoriser le transfert sur les sites espagnols de productions assurées pour l'instant ailleurs en Europe.

En attendant, les pouvoirs publics et les syndicats espagnols se sont gardés de commenter publiquement le dossier. Le gouvernement table sur ce qu'une source au ministère de l'Industrie décrit comme des relations "fluides et bonnes" avec PSA comme avec Opel pour que l'Espagne reste le deuxième pays producteur du futur ensemble, juste derrière la France.

Les syndicats, eux, pensent que même Villaverde, qui a échappé à deux reprises au moins à une menace de fermeture ces cinq dernières années, garde ses chances.

"Les conséquences d'une fusion ne sont jamais complètement tranchées", dit Jordi Carmona, spécialiste de la branche automobile au syndicat UGT. "Il s'agit d'usines qui travaillent parfaitement bien, avec des niveaux de productivité élevés." (Marc Angrand pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : General Motors Company, Peugeot