(Actualisation : rappel de la stratégie menée par Carlos Tavares depuis son arrivée en 2014, enjeux du projet de rachat d'Opel, réaction en Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le constructeur automobile Groupe PSA (>> Peugeot) a relevé jeudi son objectif stratégique de marge opérationnelle pour la période 2016-2018 après une multiplication par deux de ses bénéfices en 2016. Ces annonces interviennent alors que le groupe pourrait racheter la marque Opel-Vauxhall à l'américain General Motors (>> General Motors Company).

PSA a également annoncé son intention de proposer à ses actionnaires de reprendre le versement d'un dividende pour la première fois depuis 2011. Le montant proposé au titre de l'exercice 2016 sera de 0,48 euro par action.

Groupe PSA vise désormais une marge opérationnelle courante dans l'automobile de 4,5% sur la période 2016-2018, contre 4% auparavant, dans le cadre de son plan stratégique Push to Pass.

Dans le cadre de ce plan, il continue de cibler une croissance de 10% de son chiffre d'affaires entre 2015 et 2018, "en visant 15% supplémentaires d'ici à 2017", ainsi qu'une marge opérationnelle courante dans l'automobile de 6% en 2021, au-delà de celle de 4,5% désormais visée entre 2016-2018.

Un marché prévu stable en Europe en 2017

Pour l'exercice 2017, Groupe PSA anticipe un marché automobile stable en Europe, en Amérique latine et en Russie et en hausse de 5% en Chine, a-t-il également indiqué dans un communiqué.

L'année dernière, le propriétaire des marques Peugeot, Citroën et DS a dégagé un bénéfice net de 1,73 milliard d'euros, contre 899 millions d'euros en 2015, soutenu notamment par une hausse de 18% à 3,24 milliards d'euros de son résultat opérationnel courant, dont une hausse de 19% à 2,23 milliards d'euros pour sa seule division automobile.

En 2016, le chiffre d'affaires du Groupe PSA est ressorti à 54,03 milliards d'euros, contre 54,68 milliards d'euros l'année précédente en raison notamment d'effets de change. Dans la division automobile, il s'est établi à 37,07 milliards d'euros, contre 37,51 milliards d'euros un an plus tôt.

A taux de change constants, ces chiffres d'affaires ont respectivement progressé de 2,1% et de 2,7% grâce notamment au succès des modèles lancés récemment et de la stratégie maîtrise des prix, a souligné PSA.

Une mutation structurelle réussie, selon Carlos Tavares

Le président du directoire, Carlos Tavares, a jugé que la performance réalisée en 2016, accomplie "dans un environnement adverse" révélait le succès de la mutation structurelle du groupe.

Après avoir pris les rênes du groupe en 2014, Carlos Tavares a rapidement abaissé les coûts en diminuant le nombre de modèles produits et en réduisant les effectifs, tout en mettant en garde contre les risques qu'il y aurait à courir après les volumes à coup de rabais. Plus récemment, il a nuancé cette approche, en lançant un audacieux projet de reprise d'Opel, filiale allemande de General Motors, et en déposant une offre d'achat pour le constructeur malaisien Proton.

Les dirigeants du groupe tricolore s'efforcent de rassurer les responsables politiques et syndicaux au sujet de l'éventuel rachat d'Opel. Le projet a dans un premier temps suscité des réticences, tant en Allemagne qu'au Royaume-Uni, berceau de la marque s?ur Vauxhall, de crainte qu'une fusion entraîne des suppressions de postes.

Dans son communiqué comme lors d'une présentation de ses performances à la presse, Groupe PSA n'est pas revenu sur ses discussions en vue d'un rapprochement avec Opel-Vauxhall. Cette opération permettrait au constructeur français de passer du troisième au deuxième rang de l'industrie en Europe, en portant sa part de marché de 10% actuellement à 16-17% avec Opel. Selon de récentes informations de presse, non confirmées, la transaction valoriserait Opel autour de 2 milliards de dollars, dont 1 milliard de dettes.

Jeudi matin, l'action Peugeot cède 2,7% à 18,24 euros, après avoir enregistré une progression de plus de 80% depuis l'été 2016 dans le sillage notamment d'une vive amélioration des performances du groupe, perceptible dès le premier semestre 2016 où PSA avait affiché un taux de marge opérationnelle de 6,8% dans sa division automobile, niveau inédit depuis plus d'une décennie.

-Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 33 (0)1 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: VLV

(Nick Kostov et Guillaume Bayre ont contribué à cet article)

Valeurs citées dans l'article : Peugeot, General Motors Company