Antoine Landrot,

L'Agefi

PARIS (Agefi-Dow Jones)--En 2017, les actionnaires n'ont pas considéré l'introduction en Bourse (IPO) de leurs entreprises comme une fin en soi. Le nombre de projets abandonnés en faveur d'une vente à une entreprise ou à des investisseurs a atteint une proportion inégalée dans le monde, révèlent les statistiques de Dealogic. Le cas s'est répété 15 fois sur les 72 IPO qui ont été annulées à la date du 14 novembre, soit 20,8%. Le précédent record datait de 2014 avec 16,4%, ce qui correspondait à 20 annulations.

La semaine dernière, un groupe de fonds de pension danois a annoncé l'acquisition d'une participation de 16,9% dans Nykredit Realkredit pour 11,6 milliards de couronnes danoises (1,56 milliard d'euros), transaction qui eut pour conséquence de mettre un terme au processus de ce qui devait être la plus grosse IPO de l'année au Danemark. Nykredit espérait lever en Bourse l'équivalent de 850 millions d'euros. En France, bien plus tôt dans l'année, la medtech suisse Symetis avait défrayé la chronique lors que ses actionnaires ont préféré la vendre à Boston Scientific pour 435 millions de dollars (405 millions d'euros), alors que le placement de ses actions venait de s'achever à une valeur pré-IPO de 280 millions d'euros.

Il n'y a pas d'explication évidente à ce phénomène. Le marché des IPO a été dynamique cette année. Selon une étude d'EY parue fin septembre, 1.150 opérations ont été enregistrées au cours des trois premiers trimestres dans le monde, pour un montant total de 126 milliards de dollars (+55%). Seule l'Europe restait relativement à la traîne sur cette période mais s'est rattrapée depuis : les sociétés ont levé 55 milliards de dollars à ce jour, soit une hausse de 41%, grâce notamment à Biom'Up, Adeunis, SMCP, ou encore Varta à partir du mois de septembre.

Parmi les cinq IPO les plus importantes annulées en faveur d'une opération de M&A depuis le début de l'année, trois sont européennes (le britannique Logicor Europe, dont la valeur était estimée à 1,85 milliard de livres, Nykredit et le néerlandais TMF, à 340 millions).

La volatilité des marchés actions, souvent évoquée par les propriétaires, peut être un élément de réponse, alors qu'une société peut proposer une valorisation plus importante que les marchés actions grâce aux synergies attendues. En outre, dans le cas du marché britannique, les difficiles négociations sur le Brexit ont pu également accentuer l'écart entre les estimations des investisseurs et les attentes des actionnaires et décourager ces derniers.

-Antoine Landrot, L'Agefi. ed: ECH - VLV

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