- Le cours de Bourse chute malgré un résultat net en hausse de 86% au premier semestre

- Le chiffre d'affaires a été tiré par la faiblesse de l'euro et la vigueur du marché européen

- L'objectif de marge opérationnelle pourrait être atteint plus tôt que prévu - directeur financier

- La contribution de Nissan a augmenté à 979 millions d'euros

(Actualisation: précisions sur les résultats, prévisions pour 2015, déclarations du directeur financier, commentaire d'analyste, cours de Bourse et contexte.)

L'action du constructeur automobile français Renault (RNO.FR) perd plus de 7% jeudi en fin de matinée, après la publication de résultats semestriels en nette hausse mais jugés décevants par les investisseurs.

Le groupe a annoncé jeudi un bénéfice net part du groupe en hausse de 86% au premier semestre, porté par la vigueur du marché européen et la faiblesse de l'euro. Parallèlement, la progression du dividende distribué par son partenaire Nissan a permis de compenser le ralentissement des ventes dans les principaux marchés émergents du groupe, dont le Brésil et la Russie.

Renault a dégagé un bénéfice net semestriel de 1,4 milliard d'euros, contre 749 millions d'euros à la période correspondante de 2014. Le chiffre d'affaires a augmenté de 12%, à 22,2 milliards d'euros contre 19,82 milliards d'euros, soutenu par la demande observée en Europe et la baisse de l'euro, qui a contribué à hauteur de 1,2% à la croissance du chiffre d'affaires. Cependant, les ventes ont été faibles au Brésil et en Russie, deux marchés qui ont porté la croissance du groupe par le passé.

Selon un consensus réalisé par FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur un résultat net de 1,4 milliard d'euros et sur un chiffre d'affaires de 22 milliards d'euros.

L'action est très chère, estime Morgan Stanley

Malgré des performances globalement conformes aux attentes du marché, l'action Renault chute de 7,3% à 83,76 euros, pâtissant de comparaisons défavorables avec son compatriote PSA Peugeot Citroën, qui a publié mercredi un bénéfice net semestriel - le premier depuis 2011 - nettement supérieur aux attentes des analystes.

"Les marges de la division automobile [de Renault] ont grimpé à 3,1%, contre 1,9% un an plus tôt, mais c'est moins que Peugeot", relève Morgan Stanley, qui recommande de "sous-pondérer" la valeur. "Renault continue de faire des progrès, mais reste très cher à nos yeux", le titre évoluant à ses plus hauts niveaux des cinq dernières années, note la banque américaine. Morgan Stanley estime que le doublement de l'action entre 2013 et 2015 surévalue sensiblement à la fois le coeur de métier du groupe et sa participation dans Nissan, en comparaison des flux de trésorerie qu'ils devraient générer.

"Après la performance monumentale de Peugeot, les investisseurs exigeaient un message plus fort de la part de Renault", ajoute Arndt Ellinghorst, chez Evercore ISI.

Des ventes de véhicules quasi stables

Malgré la hausse des bénéfices, les ventes mondiales de véhicules de Renault ont progressé de seulement 0,8% au premier semestre. Les ventes en Europe ont augmenté de 9,3% sur la période, mais celles de la zone Amériques ont chuté de 20,3% tandis que l'Eurasie, une région qui comprend la Russie, accusait un repli de 10,2%.

"Dans un contexte de reprise plus forte que prévu du marché européen, et malgré un environnement beaucoup plus dégradé de nos principaux marchés émergents, les résultats du premier semestre du groupe Renault montrent une nouvelle avancée vers les objectifs du plan Drive the Change", a déclaré le PDG Carlos Ghosn, cité dans un communiqué.

"Le succès du renouvellement et de l'extension de la gamme, la dynamique européenne et la rigueur de gestion permettent au groupe d'être favorablement positionné pour l'atteinte de ses objectifs de croissance du chiffre d'affaires et de marge opérationnelle", a ajouté le responsable.

L'objectif de marge pourrait être atteint avant 2017

Pour l'ensemble de l'exercice 2015, le groupe anticipe une croissance de l'ordre de 1% du marché automobile mondial, en dépit du fort ralentissement des marchés émergents, soutenue par une progression d'au moins 5% en Europe. "Dans ce contexte, le groupe Renault vise à augmenter de nouveau ses immatriculations et son chiffre d'affaires (à taux de change constants), poursuivre l'amélioration de la marge opérationnelle du groupe et de l'automobile, générer un free cash-flow opérationnel de l'automobile positif", a indiqué le groupe industriel.

Le directeur financier, Dominique Thormann, a précisé que le groupe était en bonne voie pour atteindre son objectif d'une marge opérationnelle supérieure à 5% plus tôt que prévu. Renault comptait initialement atteindre ce chiffre d'ici à 2017.

Dominique Thormann a ajouté que Renault était également bien parti pour atteindre un taux d'utilisation des capacités de 100% dans ses usines avant la fin 2016. Ce taux s'établit actuellement entre 80% et 85% en Europe, a-t-il précisé.

Nissan, dont Renault contrôle 43% du capital, a contribué à hauteur de 979 millions d'euros au bénéfice net de Renault au premier semestre. La contribution de son partenaire russe AvtoVAZ a en revanche été négative de 70 millions d'euros.

-Jason Chow et Valérie Venck, Dow Jones Newswires; valerie.venck@dowjones.com (ed/EC/LB)

(Eric Chalmet et Ambroise Ecorcheville ont contribué à cet article)