Ajoute déclaration Travert Change Titre et Lead

PARIS (awp/afp) - Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a suggéré vendredi que la France propose de prolonger de "cinq à sept ans" l'autorisation de l'usage du désherbant controversé glyphosate au sein de l'Union européenne, au lieu des dix ans souhaités par la Commission.

"La France est contre le fait de prolonger l'utilisation du glyphosate pour dix ans" a rappelé le ministre de l'Agriculture sur RTL, au soir d'une manifestation d'agriculteurs demandant le maintien de cet herbicide tant qu'aucune autre solution technique n'est disponible à un coût abordable pour désherber les champs.

Le ministre de la Transition énergétique Nicolas Hulot avait annoncé dès la fin août que la France voterait contre la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans la licence du glyphosate.

Pour M. Travert, la France devrait proposer un renouvellement pour "cinq à sept ans", de manière à "accompagner les changements dans les pratiques agricoles", le temps de mettre au point des techniques de substitution via "la recherche publique ou la recherche privée".

Cette période devrait permettre, selon le ministre, de "réduire progressivement l'utilisation des pesticides", un objectif fixé par le candidat Macron durant la campagne électorale.

Quelque 200 agriculteurs ont bloqué vendredi les Champs-Élysées pour dire leur inquiétude de voir le gouvernement interdire l'usage de produits phytosanitaires comme le glyphosate, qu'ils jugent indispensables pour conserver "l'excellence agricole française".

- Interdiction unilatérale -

Sous les bannières "Macron tue", la manifestation, à l'appel de plusieurs fédérations départementales du premier syndicat agricole français, la FNSEA, et de l'organisation des Jeunes agriculteurs, a bloqué partiellement la circulation dès 07H00 du matin.

"Soja argentin: OGM", était-il écrit sur un conteneur placé à l'entrée de l'avenue, jonchée de paille. Des actions dans le même sens ont eu lieu dans d'autres régions.

Les manifestants protestaient contre la possibilité d'importer des produits agricoles traités avec des herbicides comme le glyphosate, qui faussent la concurrence, alors même que la FNSEA craint une décision gouvernementale interdisant unilatéralement de tels produits en France.

"Il faudrait soutenir l'agriculture française, sinon elle va disparaître et on aura recours massivement à des importations de produits alimentaires qui sont cultivés dans des conditions phyto-sanitaires bien plus déplorables que les nôtres", a déclaré Damien Greffin, président de la FDSEA d'Ile-de-France.

"M. Macron veut être le M. Propre du monde, mais il est le fossoyeur de l'agriculture", a affirmé Frédéric Arnoult, président des Jeunes agriculteurs d'Ile-de-France. "Comment peut-on vouloir vendre du rêve aux Français sur une alimentation saine, alors qu'on nous enlève nos moyens de production?" s'est-il interrogé.

- 'Effets cocktail' -

Le blocage de l'avenue a été levé en milieu de matinée après qu'une délégation a été reçue à l'Élysée par la conseillère agricole de la présidence, Audrey Bourrolleau.

Celle-ci a affirmé aux manifestants que l'arrêt "progressif" du glyphosate en France se ferait "avec méthode et dialogue", dans le cadre notamment des États généraux de l'alimentation (Egalim). Mais elle a réaffirmé que "l'engagement de campagne" pris par Emmanuel Macron de voter contre la proposition de la Commission européenne de renouvellement de la licence du glyphosate "sera tenu", selon l'Elysée.

Le ministre de la Transition énergétique, Nicolas Hulot, honni de certains des manifestants, n'a pas hésité à aller au contact des agriculteurs pour réaffirmer l'importance de la tenue des États généraux de l'alimentation afin de régler le problème des produits phytosanitaires.

À M. Greffin qui lui demandait d'accorder aux agriculteurs français que "la France, c'est l'excellence agricole mondiale", M. Hulot a répondu: "J'ai besoin, moi, d'être rassuré sur la sécurité alimentaire et sanitaire sur le long terme. Vous connaissez comme moi les phénomènes de bio-accumulation et les effets cocktail, ce n'est pas quelque chose qu'on découvre."

Il doit rencontrer la présidente de la FNSEA Christiane Lambert lundi.

En juillet, la Commission européenne a proposé le renouvellement pour dix ans de la licence du glyphosate qui expire fin 2017. Le vote sur l'autorisation de cet herbicide, le plus répandu en Europe, pourrait avoir lieu le 5 ou le 6 octobre au sein d'un comité d'experts.

La France a annoncé qu'elle voterait contre la proposition de la Commission. Elle a une position-clé car une majorité qualifiée est requise.

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