La direction de Sika a une manière bien à elle de préparer l'anniversaire de la tentative de prise de contrôle du chimiste suisse de spécialités par Saint-Gobain, annoncée le 8 décembre 2014. Dans une lettre ouverte adressée aux actionnaires du groupe français, le président du conseil d'administration de Sika, Paul Hälg, répète qu'il ne veut pas entendre parler de ce projet : il estime d'ailleurs que ce dernier 'manque de logique industrielle et serait destructeur de valeur pour tous les actionnaires', tant ceux de Sika que ceux de Saint-Gobain.

A la Bourse de Zurich, l'action Sika cote 3.473 francs (+ 0,35%), quand à Paris celle de Saint-Gobain s'échange 39,4 euros (- 0,6%). En un an, la première a perdu 9% environ de sa valeur quand la seconde a pris 10%. Mais dans l'intervalle, l'euro a cédé environ 10% face à la devise helvétique.

Pour mémoire, voilà près d'un an, Saint-Gobain annonçait avoir conclu un accord avec Schenker Winkler Holding AG, société de portefeuille représentant les intérêts de la famille Burkard-Schenker, par lequel le groupe français projetait de racheter une participation de 16,1% du capital de Sika à laquelle est attachée 52,4% des droits de vote. Montant de l'opération alors annoncé : 2,75 milliards de francs suisses, soit à l'époque 2,3 milliards d'euros environ (couverts des variations de changes).

Mais la direction de Sika, prenant le contre-pied des actionnaires familiaux, s'est alors engagée dans une bataille contre le projet des Burkard-Schenker et de Saint-Gobain, qui à ce jour en a empêché la concrétisation.

Dans sa lettre ouverte datée du 3 décembre 2015, Paul Hälg répète les arguments développés depuis près d'un an maintenant, à savoir : selon lui, la prise de contrôle de Sika serait destructrice de valeur pour les porteurs de parts Saint-Gobain. En effet, Sika estime toujours que les synergies potentielles de 180 millions d'euros mises en avant par Saint-Gobain 'ne sont pas réalistes'.

Le patron de Sika juge de plus que ce projet 'détruirait le modèle de croissance' du groupe suisse, ce à quoi tous ses actionnaires, sauf les Burkard-Schenker, ont souscrit, selon M. Hälg. En cas de concrétisation du projet de Saint-Gobain, M. Hälg estime probable que nombre de cadres de Sika quittent le groupe.

Bref, 'douze mois après l'annonce de l'opération, le terme du conflit n'est toujours pas en vue', indique Paul Hälg. La tournure judiciaire qu'a pris la bataille risque de la prolonger pendant plusieurs années. Saint-Gobain ne communique d'ailleurs plus sur une éventuelle date de finalisation de l'opération, rappelle Sika.

A cette heure, le groupe français n'a pas officiellement réagi.


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