Il y a trois ans, presque jour pour jour, Zonebourse intégrait l’action Saint-Gobain au sein de son portefeuille Europe PEA — elle en est depuis longtemps sortie — au motif que le groupe semblait en bonne mesure d’absorber un contexte hyper-inflationniste, notamment grâce à un programme de restructuration et de montée en gamme dans la chimie de construction qui portait déjà ses premiers fruits. 

Sur un registre plus critique, nous soulignions néanmoins comme la croissance avait fait défaut au groupe sur le précédent cycle. Celui-ci sortait d’une véritable décennie molle, qui lui avait valu entre autres griefs les foudres du redoutable fonds activiste Elliott.  

Trois ans plus tard, la lecture des résultats de l’exercice fiscal qui vient de s’achever amène un triple constat : un, Saint-Gobain est en effet parvenu à répercuter l’inflation, mais sans non plus en bénéficier ; deux, hors acquisitions, la croissance organique continue de patiner ; trois, l’optimisation du portefeuille d’activités se poursuit et produit d’assez bons résultats. 

Pour preuve de ces éléments, une hausse des prix de 4.6% qui en 2023 ne permet pas de compenser entièrement une baisse des volumes de 5.5% ; un chiffre d’affaires consolidé qui diminue de 6.4%, avec une dégringolade marquée en Europe du Nord mais aussi une bonne tenue des marchés américains ; ainsi que des marges et un profit d’exploitation qui résistent bien à cette conjoncture exigeante. 

Assez peu de changements donc, et un marché qui semble s’impatienter puisque la dynamique de compression du multiple du valorisation de Saint-Gobain ne s’inverse pas vraiment — malgré un léger regain ces derniers temps. 

Il faut pourtant signaler que le processus de montée en gamme prend forcément des années, et qu’en parallèle le groupe confirme la trajectoire d’amélioration de sa rentabilité, tandis que le levier financier continue lui de diminuer.

On peut donc saluer le travail de l’équipe de direction aux manettes depuis quelques années, sans pour autant faire l’impasse sur les sous-jacents difficiles de l’activité — auxquels le groupe suisse Sika est jusque-là parvenu à échapper grâce à une politique de croissance externe remarquablement bien menée. 

Voir à ce sujet Sika AG : Machine à acquisitions