La détermination de Sanofi à s'emparer de la biotech américaine Medivation suscite l'inquiétude des investisseurs. Le titre du laboratoire pharmaceutique français a chuté aujourd'hui de 5,36% à 72,11 euros. Depuis l'annonce officielle du projet, jeudi matin, le titre accuse un repli de 7%. Dans le sillage de résultats trimestriels marqués une nouvelle fois par le déclin de l'activité diabète, le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, a réaffirmé sa confiance dans sa capacité à gagner le soutien des actionnaires de sa proie.
Il a également insisté sur l'intérêt stratégique d'une opération qui renforcerait la position du groupe dans l'oncologie et réduirait par conséquent son exposition au diabète.
Mais la simple conviction du dirigeant, en poste depuis un peu plus d'un an, ne suffira pas. Dans un communiqué publié en début d'après-midi, le conseil d'administration de Medivation a officiellement rejeté l'offre de 9,3 milliards de dollars du français, jugeant, selon la formule consacrée dans ce cas, "qu'elle sous-évaluait significativement l'entreprise et son portefeuille de produits".
Dès lors, comme en 2011 avec Genzyme, Sanofi ne semble avoir d'autre choix que de surenchérir. Une mauvaise idée pour HSBC qui dans une note publiée ce matin met en doute l'intérêt d'une telle acquisition eu égard au profil de Medivation. Le courtier craint en effet que le groupe français ne paye trop cher une biotech qui se résume à un seul actif dans une seule spécialité déjà encombrée. De surcroît souligne l'analyste, l'oncologie risque d'affronter la concurrence des génériques sur le marché américain à la fin 2018.
Pour autant, d'autres courtiers jugent au contraire que l'opération serait bénéfique au groupe français en manque de relais de croissance, comme en témoignent les résultats du premier trimestre et les perspectives publiés ce matin. Sur les trois premiers mois de l'année, le bénéfice net du laboratoire s'est replié de 0,2% à 1,722 milliard d'euros. Hors effets de change, il a cependant crû de 3,5%. Le chiffre d'affaires a lui reculé de 1,9% à 8,543 milliards mais grimpé de 0,7% à changes constants.
Pour la totalité de l'exercice 2016, Sanofi a confirmé s'attendre à un bénéfice net par action "globalement stable" à taux de change constants par rapport à celui de 5,64 euros enregistré en 2015.
Sanofi est le 1er groupe pharmaceutique européen. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- produits pharmaceutiques (70,6%) : médicaments de prescription dans les domaines de la médecine de spécialité (59,3% du CA ; destinés au traitement du sclérose en plaques, des maladies neurologiques, des maladies inflammatoires, des maladies auto-immunes, des maladies rares, des cancers et des maladies hématologiques rares) et de la médecine générale (40,7% ; destinés essentiellement au traitement du diabète et des maladies cardiovasculaires) ;
- vaccins humains (17,4%) : vaccins pédiatriques, vaccins contre la grippe, la méningite et la poliomyélite, vaccins de rappel et vaccins destinés aux voyageurs et aux zones endémiques ;
- produits de santé grand public (12%).
A fin 2023, le groupe dispose de 54 sites de production dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (5,5%), Europe (18,6%), Etats-Unis (43%), Amérique du Nord (1,6%) et autres (31,3%).