Paris (awp/afp) - Le géant pharmaceutique français Sanofi a publié mercredi des résultats annuels contrastés, entre un chiffre d'affaires en léger recul et un bénéfice dopé par des économies de coûts mais qui pourrait se replier en 2017.

Le bénéfice net annuel s'est établi à 4,7 milliards d'euros, en hausse de 9,8%, pour un chiffre d'affaires de 33,8 milliards d'euros, en repli de 0,7% mais en progression de 1,2% à devises constantes.

Ces résultats n'incluent pas Merial, l'activité de santé animale désormais cédée au groupe allemand Boehringer Ingelheim en échange d'actifs de santé grand public.

Avec la santé animale, le chiffre d'affaires annuel s'est élevé à 36,5 milliards d'euros et le résultat net des activités (hors amortissements, dépréciations et coûts de restructuration notamment) a atteint 7,3 milliards d'euros, en légère baisse sur un an.

Les résultats du groupe ont été tirés par l'activité de Sanofi Genzyme (maladies rares), les vaccins de Sanofi Pasteur et les marchés émergents.

Hors effets de change, les ventes de Genzyme ont grimpé de 17,3% à 5 milliards d'euros et celles de Sanofi Pasteur de 8,8% l'an dernier à près de 4,6 milliards d'euros.

En revanche, les ventes annuelles de l'entité globale "Diabète et Cardiovasculaire" ont reculé de 2% à près de 6,4 milliards d'euros, et les ventes de médecine générale et de la santé grand public ont également reculé sur un an.

Le déclin continu de l'ancien produit vedette de Sanofi dans le diabète, l'insuline Lantus (-9,4% à 5,7 milliards d'euros), a été atténué par la montée en puissance de son successeur, Toujeo, lancé courant 2015 et dont les ventes ont presque quadruplé l'an dernier à 649 millions d'euros.

Dans le cardiovasculaire, l'anti-cholestérol Praluent, lancé à partir de mi-2015, connaît un lent démarrage (105 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier), affecté notamment par des restrictions des payeurs aux Etats-Unis et englué dans un sérieux litige avec Amgen, qui accuse Sanofi d'avoir violé certains de ses brevets.

- "Pas d'urgence" pour des acquisitions -

Sanofi et son partenaire Regeneron ont fait appel début janvier après une victoire d'Amgen devant la justice américaine, qui s'est soldée par une injonction d'arrêter la vente du Praluent aux Etats-Unis à compter du 21 février.

"Nous ne pensons pas que les brevets d'Amgen soient valides et nous sommes confiants" vis-à-vis des futures décisions de justice concernant ce litige, a commenté le directeur général de Sanofi Olivier Brandicourt lors d'une audioconférence mercredi.

Motif de satisfaction pour le groupe, le bénéfice net par action (BNPA) à taux de change constants s'est élevé l'an dernier à 5,68 euros, en hausse de 4,1%, conformément aux prévisions.

"Notre nouvelle organisation commence à porter ses fruits et notre performance financière a été meilleure qu'initialement prévu", s'est félicité M. Brandicourt.

En conséquence, le conseil d'administration du groupe a proposé un dividende de 2,96 euros par action au titre de l'exercice écoulé, contre 2,93 euros pour l'exercice 2015.

L'action Sanofi démarrait mercredi en nette hausse de 2,77% à 78 euros vers 9H18 (8H18 GMT à la Bourse de Paris.

Sanofi a généré environ 650 millions d'euros d'économies de coûts l'an dernier. Elles devront atteindre 1,3 milliard d'euros cette année et le groupe estime être "en bonne voie" pour réaliser au moins 1,5 milliard d'euros d'économies d'ici à 2018.

Pour 2017 Sanofi se montre toutefois prudent en anticipant une évolution du BNPA à taux de change constants de "stable à -3%" par rapport à 2016, "sauf événements majeurs défavorables imprévus".

Sanofi a raté l'an dernier quelques opportunités de grosses acquisitions, notamment la biotech américaine Medivation dans l'immuno-oncologie, rachetée finalement par Pfizer, ou la biotech suisse Actelion, récupérée par Johnson and Johnson.

"Tout a déjà été dit sur Medivation", a balayé M. Brandicourt, qui avait reconnu en octobre déjà la déception de Sanofi de s'être fait souffler ce spécialiste des traitement anticancéreux. M. Brandicourt n'a en revanche pas confirmé l'intérêt pour Actelion que les marchés prêtaient à Sanofi.

"Nous ne sommes pas dans l'urgence de faire des acquisitions, nos fondamentaux sont solides", a-t-il argué.

Aux Etats-Unis, où les prix des médicaments sont vivement critiqués, M. Brandicourt a indiqué qu'il était encore "trop tôt" pour savoir ce que comptait faire l'administration Trump, mais que les premiers contacts du secteur pharmaceutique avec celle-ci étaient "positifs".

afp/rp