Zurich (awp) - Les perspectives de croissance de l'économie suisse restent dans l'ensemble assez favorables pour 2019, malgré les tensions internationales, estiment les prévisionnistes du Seco, de la BNS et du KOF. Dans des études séparées, ces différents experts ont publié jeudi des anticipations de hausse du PIB entre 1,2% et 1,6%.

Le moins optimiste est le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), qui prévoit une croissance de 1,2%, tandis que le Centre d'études conjoncturelles KOF de l'EPFZ table sur 1,6%. La Banque nationale suisse (BNS) se situe entre les deux à "environ" 1,5%.

Ce faisant, la banque centrale maintient sa prévision de mars. Les risques qui subsistent découlent principalement des tensions commerciales internationales, qui pourraient engendrer de nouvelles turbulences sur les marchés financiers, écrit la BNS. Celle-ci observe qu'un fort ralentissement imprévu de l'économie mondiale se répercuterait rapidement sur la Suisse.

Néanmoins, la dynamique depuis le début de l'année est forte. La BNS estime selon ses premiers calculs que le produit intérieur brut (PIB) devrait avoir progressé de 2,3% au premier trimestre. L'évolution sur le marché du travail s'est aussi révélée favorable. Dans l'ensemble, les capacités de production de l'économie sont bien utilisées.

Hors du pays, la politique monétaire expansionniste des banques centrales des pays industrialisés continuera de soutenir la croissance. La BNS table par ailleurs sur une inflation de 0,6% pour 2019 en Suisse et de 0,7% pour 2020.

Réserves du Seco

Le Seco demeure plus circonspect. Il mise sur une hausse de 1,2% du produit intérieur brut (PIB) pour 2019 et de 1,7% pour 2020, constatant que le fléchissement de l'économie mondiale freine le commerce extérieur helvétique. Les experts de la Confédération maintiennent dans une très large mesure leurs prédictions de mars, qui faisaient état d'une croissance de 1,1% pour l'année en cours et de 1,7% pour l'an prochain.

"Les perspectives restent moroses, la croissance est molle", estime le Seco. La demande de produits suisses faiblit, ce qui ralentit les exportations. Dans la construction, les perspectives sont modestes à cause de la hausse du taux de logements vacants. Le risque d'une "sévère correction" subsiste dans l'immobilier. Point positif, le chômage reste faible (2,4%), précise le Seco.

Le Centre d'études conjoncturelles KOF de l'EPFZ se montre résolument optimiste. Constatant la vigueur au premier trimestre, il table désormais sur une hausse de 1,6% du PIB pour 2019, contre 1,0% lors de ses précédentes estimations, en mars. La croissance pour 2020 est également revue à la hausse, de 2,1 à 2,3%.

Le KOF souligne la bonne marche des affaires dans l'industrie. Ce secteur est redevenu "plus compétitif" et dégage à nouveau des marges "normales". Le choc du franc fort est digéré. En outre, l'industrie est tirée par des pans d'activités qui ne sont pas affectés par les nouveaux droits de douane internationaux. La pharma en particulier "n'a guère de raison de s'inquiéter".

Le premier trimestre a connu la plus forte croissance enregistrée depuis l'automne 2017 si l'on fait abstraction d'effets exceptionnels comme les grandes manifestations sportives (telle la Coupe du monde de football 2018), note le KOF. En outre, les chiffres pour le 4e trimestre 2018 ont été corrigés à la hausse de 0,7 point de pour-cent.

Les salaires devraient peu à peu légèrement augmenter. La rentabilité des entreprises s'améliore depuis l'an dernier et les employés ont plus de marge de manoeuvre pour négocier en raison de la pénurie de main d'oeuvre dans certains secteurs. Néanmoins, prévient le KOF, la croissance mondiale devrait ralentir au cours des prochains trimestres.

op/al