Zurich (awp) - L'industrie du luxe devrait continuer à générer de la croissance profitable en 2016, malgré la perte de dynamique du secteur. Pour cela, il faudra que les marques réagissent face à un marché changeant et s'adaptent aux attentes de la clientèle, selon le cabinet de conseil Deloitte, qui publie mardi son étude "Global Powers of Luxury Goods". Les suisses Richemont et Swatch demeurent parmi les dix plus grands groupes mondiaux en termes de ventes.

Les cent plus grands groupes mondiaux actifs dans le luxe ont généré en 2014 un chiffre d'affaires cumulé de 222 mrd USD, soit une hausse de 3,6% sur un an. La plupart d'entre eux (84%) ont pour siège la Chine, la France, l'Italie, l'Espagne, la Suisse, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, pour une contribution de 90% aux ventes totales.

Du côté helvétique, onze sociétés figurent dans la liste, dominée par le français LVMH et son chiffre d'affaires annuel de 23,3 mrd USD. Le groupe Richemont, qui détient les marques Cartier, IWC ou Montblanc, arrive en deuxième position, grâce à une croissance des ventes 3,9% à 13,2 mrd. Swatch améliore d'un cran son classement grâce à une hausse du chiffre d'affaires de 3,1% à 9,22 mrd CHF. Le groupe biennois pointe désormais à la cinquième place.

Rolex est 11e (ventes estimées en hausse 2,0% à 5,58 mrd), Patek Philippe 41e (+5,5% à 1,27 mrd), Chopard 50e (inchangé à 875 mio), Audemars Piguet 52e (+9,4% à 766 mio), Bally 65e (+10% à 439 mio) et Breitling 70e (+5,7% à 405 mio), parmi les plus importants. Franck Muller Group intègre la liste pour la première fois.

RALENTISSEMENT EN CHINE ET EN RUSSIE

"La force des marques horlogères suisses se mesure à leur présence dans les bijouteries et autres magasins du monde entier, ainsi qu'à l'extension du réseau de filiales", analyse Mme Szegedi. L'héritage porté et l'excellence des sociétés horlogères font de ces dernières des "cibles d'acquisitions intéressantes", selon l'étude.

D'un point de vue global, les taux croissance vont ralentir pour le secteur, principalement sur les marchés importants que sont la Chine et la Russie, affirme Karine Szegedi, responsable Fashion&Luxury chez Deloitte Suisse. Dans le même temps, d'autres pays vont connaître un développement solide et inédit. "L'Inde et le Mexique, par exemple, croissent très rapidement et le Moyen-Orient présente encore du potentiel", selon elle.

De manière globale, l'industrie du luxe traverse une "décennie charnière". La première moitié de cette période a été marquée par l'abondance de clients chinois et l'influence des technologies numériques. La seconde sera placée sous le signe de la discipline. La prudence des consommateurs, la fusion des canaux de diffusion ou l'augmentation des voyages à l'international ont précipité ce changement.

"Les réseaux sociaux et les appareils mobiles donnent la possibilité au consommateur de dicter quand, où et comment il souhaite interagir avec les marques du luxe", explique Mme Szegedi dans un communiqué. Les clients sont devenus des critiques et sont sur un pied d'égalité avec les créateurs, selon elle. "Ils réclament du sur-mesure et veulent concevoir les produits et les prestations par eux-mêmes."

mk/ys/fr/buc