Tokyo (awp/afp) - Le constructeur d'automobiles japonais Toyota, qui tenait mercredi son assemblée générale sur fond de déclin de ses résultats financiers, a promis de se montrer plus offensif, évoquant la possibilité d'acquisitions et modifiant ses règles salariales pour attirer des talents étrangers.

"L'industrie automobile est aujourd'hui confrontée à de grands changements, et ce que nous pensions être loin dans le futur arrivera peut-être demain", a déclaré son PDG Akio Toyoda devant un parterre de plus de 5.000 actionnaires à Toyota City, dans la région de Nagoya (centre), selon des propos rapportés par l'agence Bloomberg.

"C'est pourquoi nous devons passer à l'attaque", tout en continuant de préserver nos forces, a-t-il poursuivi, face à l'émergence de nouveaux rivaux comme Tesla, Google ou encore de compagnies chinoises.

Dans ce contexte, le patron a dit considérer toutes les options, dont des fusions et acquisitions, pour accélérer l'innovation, alors que les groupes automobiles sont engagés dans une course technologique vers la conduite autonome et les véhicules non polluants.

Toyota va en outre élever le plafond des salaires accordés à ses dirigeants afin d'attirer davantage de talents étrangers, selon une résolution adoptée en AG.

Le total était jusqu'ici de 130 millions de yens par mois, soit quelque 1,6 milliard de yens (13 millions d'euros) par an, primes comprises. La somme maximum cumulée va désormais passer à 4 milliards sur une base annuelle, à se partager entre les neuf membres du conseil d'administration, contre 11 auparavant.

"L'objectif est d'avoir plus de flexibilité" dans la rémunération des dirigeants étrangers, selon une porte-parole contactée par l'AFP.

Le groupe note en effet "des difficultés pratiques avec le système actuel", soulignant notamment "le risque que les fluctuations des devises soient un obstacle au paiement approprié des salaires et primes des membres étrangers du conseil d'administration". Ainsi, si par exemple le dollar ou l'euro s'apprécient, Toyota veut être en mesure de maintenir les émoluments distribués en monnaies étrangères sans que le plafond fixé en yens ne soit mécaniquement dépassé.

A l'heure actuelle, si l'on excepte l'Américain Mark T. Hogan qui siège en tant que membre extérieur, le constructeur japonais compte seulement un étranger dans son organe de direction: le Français Didier Leroy, qui occupe le poste de vice-président exécutif, directeur de la compétitivité et de la planification.

A quelques rares exceptions (Nissan, Takeda), les firmes nippones ont longtemps rechigné à s'appuyer sur des talents non issus du sérail et, quand elles osent franchir le pas, elles rencontrent parfois des difficultés (conflits culturels).

Elles commencent cependant doucement à s'ouvrir, un impératif selon les experts pour bousculer les vieilles habitudes de la Japan Inc., dont le cas Toshiba, en pleine tourmente financière, a récemment mis en lumière les rigidités et l'opacité.

afp/rp