(Actualisé tout du long)

par Michelle Martin et Petra Wischgoll

BERLIN/HANOVRE, 15 octobre (Reuters) - Le Parti social démocrate (SPD) est arrivé en tête dimanche d'une élection partielle en Basse-Saxe devant la CDU d'Angela Merkel qui enregistre une nouvelle déconvenue, après celle des élections législatives, qui fragilise un peu plus la position de la chancelière allemande.

Le SPD, qui dirige depuis quatre ans avec les Verts ce Land qui abrite le siège du constructeur automobile Volkswagen , a obtenu 37,3% des suffrages soit un gain de près de cinq points par rapport au scrutin de 2013.

Les conservateurs arrivent en deuxième position avec 33,4% contre 36% il y a quatre ans dans cette région agricole riche, forte d'environ six millions d'électeurs, précise la chaîne publique ARD.

Nombre d'électeurs allemands avaient exprimé dans les urnes en septembre leur mécontent de la politique migratoire tolérante d'Angela Merkel dont le parti avait enregistré son plus mauvais résultat depuis 1949.

Si les estimations sont confirmées, il s'agira pour la CDU de son plus mauvais score en Basse-Saxe depuis 58 ans, affaiblissant un peu plus la position de la chancelière alors qu'elle doit constituer une coalition de gouvernement à l'entame de son quatrième mandat consécutif.

Pour disposer d'une majorité au Bundestag, Angela Merkel va devoir composer avec les libéraux du FDP et avec les Verts. Les discussions, qui doivent débuter cette semaine pour constituer une coalition inédite au niveau national, risquent de s'éterniser et de se poursuivre jusqu'en 2018.

Le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, a fait remarquer que tous les partis engagés dans les négociations de coalition nationale ont perdu du terrain lors du scrutin de dimanche.

"Cela ne serait pas pertinent de voir cela comme un handicap", a-t-il dit. "Nous disposons d'un mandat clair et nous discutons de sujets sérieux et importants et je pense que les gens attendent cela de nous et c'est la raison pour laquelle nous discutons sérieusement et nous préparons l'avenir", a-t-il dit.

Selon les projections, les écologistes sont crédités de 8,9%, le FDP de 7,4%, les deux formations enregistrant de moins bons scores qu'il y a quatre ans avec une participation de 63%.

TOUT SAUF L'AfD

La formation d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) franchit de justesse la barre des 5% pour obtenir des représentants régionaux, avec 6,2% des voix. Cela constitue un recul par rapport aux 12,9% obtenus au niveau national en septembre.

La faiblesse électorale de la CDU et le refus du SPD de continuer à jouer les supplétifs obligent Angela Merkel à envisager une coalition "Jamaïque", noire, jaune, vert, couleurs de la CDU, du FDP et des écologistes et qui sont celles du drapeau jamaïcain.

Les positions des trois formations sont marquées par des divergences sur les questions de l'immigration, de la réforme de l'Union européenne, de la fiscalité et de la protection de l'environnement.

"Cela reste difficile mais nous pouvons au moins essayer", a déclaré Katrin Göring-Eckhardt, chef de file des Verts au parlement.

Le ministre président SPD de Basse-Saxe, Stephan Weil, qui gouverne depuis quatre ans avec l'aide des écologistes, a indiqué qu'il entamera des discussions avec toutes les formations sauf l'AfD.

C'est la première fois que le SPD arrive en tête dans ce Land depuis 1998. La victoire de dimanche est aussi la première pour le parti version Martin Schulz qui restait sur trois revers consécutifs cette année avant de tomber à son plus bas niveau national depuis la fin de la Seconde guerre mondiale en septembre.

(Michelle Martin; Tangi Salaün pour le service français)