DETROIT (awp/afp) - Le salon automobile de Detroit a démarré dimanche au ralenti, marqué par les incertitudes sur les relations commerciales entre les États-Unis et ses voisins canadien et mexicain et l'impact éventuel des baisses d'impôts sur les emplois et les délocalisations.

La vague de présentations de nouvelles versions de SUV, pickups et crossovers, véhicules plébiscités par les Américains, était prévue lundi. Ford en a donné un aperçu dimanche et pourrait être imité dans la nuit par Volkswagen et Mercedes-Benz, durant leurs traditionnels dîners.

A moitié rempli, le centre d'expositions, le Cobo Center, était investi par des voitures de luxe (Ferrari, Bugatti, Porsche...), tandis que des installations de stands se poursuivaient. Une mini-conférence sur les technologies autonomes, censée convaincre de l'offensive de Detroit dans la fabrication de la voiture de demain, battait son plein.

Invitée d'honneur de cette trentième édition du salon de Detroit, Elaine Chao, la ministre des Transports américaine, a tenu à mettre en avant "les bienfaits" de la réforme fiscale adoptée fin décembre par l'administration Trump qui, notamment, ramène le taux d'imposition des entreprises de 35% à 21%.

Cette baisse des impôts va générer davantage d'investissements aux Etats-Unis, a-t-elle défendu, citant la récente décision de Fiat Chrysler de rapatrier la production de son pickup Ram 1500 du Mexique aux Etats-Unis et d'investir 1 milliard de dollars dans une usine du Michigan (nord) où seront créés 2.500 emplois.

"Ceci n'est qu'un exemple de l'impact positif que les baisses d'impôts vont avoir sur l'emploi", a déclaré la ministre.

D'autres groupes automobiles devraient emboîter le pas à Fiat Chrysler, notamment General Motors (GM), Ford, Toyota et Nissan, avancent des experts.

Ils rappellent toutefois qu'un grand nombre de ménages américains ne savent toujours pas comment vont se répercuter les baisses d'impôts dans leurs porte-monnaies. Cette incertitude devrait inciter les constructeurs automobiles à rester prudents sur la ventilation de leurs investissements.

"Chaque consommateur est affecté différemment en fonction de l'Etat dans lequel il vit et des impôts locaux", modérait Rebecca Lindland, analyste chez Kelley Blue Book.

Les constructeurs haut de gamme pourraient notamment voir leurs ventes affecter par le fait que des déductions fiscales ont été supprimées dans les Etats de New York, de Californie et du New Jersey où résident un grand nombre de leurs riches clients.

"Chaque consommateur est affecté différemment en fonction de l'Etat dans lequel il vit et des impôts locaux", explique Rebecca Lindland, analyste chez Kelley Blue Book.

- Taxes douanières -

Les constructeurs haut de gamme pourraient notamment voir leurs ventes affecter par le fait que des déductions fiscales ont été supprimées dans les Etats de New York, de Californie et du New Jersey où résident un grand nombre de leurs riches clients.

A l'inverse, les fabricants de SUV, crossovers et pickups, prisés dans les zones rurales et représentant ensemble un peu plus des deux-tiers des 17,23 millions de véhicules vendus l'an dernier aux Etats-Unis, devraient tirer leur épingle du jeu, selon Mme Lindland.

"Il y a beaucoup d'incertitudes actuellement et ceci affecte l'industrie automobile", renchérit Michelle Krebs chez AutoTrader.com.

En faisant le choix de rapatrier leur production aux Etats-Unis, certains groupes automobiles feraient d'une pierre deux coups, estiment les deux expertes: non seulement ils font plaisir à Donald Trump, élu sur la promesse de préserver les emplois industriels aux Etats-Unis, mais ils anticipent également un possible retrait des Etats-Unis de l'accord de libre-échange nord-américain Alena.

Cette dernière hypothèse les prémunirait d'éventuelles lourdes taxes douanières brandies par la Maison Blanche et préserverait leurs bénéfices car ils font revenir sur le sol américain la production de grosses voitures aux marges confortables.

Ils peuvent par la même occasion diminuer leurs coûts en délocalisant la production de berlines et citadines, dont la demande est en fort déclin sur le marché américain. C'est le cas de Ford, qui a renoncé à sa promesse de produire la Ford Focus aux Etats-Unis et va désormais le faire en Chine.

Elaine Chao n'a rien dit sur le libre-échange, une des préoccupations des groupes automobiles qui disposent d'usines aux Mexique à la main d'oeuvre à bas coûts.

Le Canada, les Etats-Unis et le Mexique sont engagés dans une difficile renégociation du traité Alena qui les unit depuis 1994 et que le président Trump juge "désastreux" pour son pays.

"S'il y a un retrait américain (de l'Alena) cela va affecter les consommateurs", a en revanche mis en garde Ray Tanguay, conseiller du gouvernement canadien sur les questions automobiles, intervenu avant Mme Chao.

lo/fjb