Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les entreprises américaines perdent foi dans les promesses de campagne de Donald Trump, qui tardent à se concrétiser. Le président des Etats-Unis leur avait fait miroiter en fin d'année dernière un allègement de la fiscalité des sociétés, la déréglementation de certains secteurs d'activité et une hausse des investissements dans les infrastructures, réformes censées dynamiser la croissance des Etats-Unis et les bénéfices de "Corporate America." Six mois plus tard, ces promesses demeurent lettre morte.

Conséquence, seulement 8% des entreprises de l'indice S&P 500 qui ont déjà publié leurs résultats du deuxième trimestre ont évoqué l'administration Trump lors de leurs conférences téléphoniques, selon une enquête réalisée par le fournisseur de données financières FactSet. A cette même stade de la saison des résultats du premier trimestre, 32% des entreprises américaines avaient fait allusion aux perspectives ouvertes par les mesures pro-business promises par Donald Trump. A l'entame de la deuxième semaine des publications de résultats du quatrième trimestre 2016, cette proportion s'élevait à 67%. "La chute du nombre d'allusions à l'administration Trump au cours des six derniers mois semble signifier que les entreprises sont moins confiantes qu'en début d'année sur une adoption à court terme des réformes proposées par le président Trump", avance FactSet.

Les PME aussi s'impatientent

Les grands groupes ne sont pas les seuls à s'impatienter. L'indice de confiance de la National Federation of Independent Businesses (NFIB), l'association des patrons de PME aux Etats-Unis, qui représentent près de la moitié du produit intérieur brut du pays, est tombé à 103,6 en juin, contre 104,5 en mai. "Washington ne respectant pas les deux priorités (que sont la réforme de la fiscalité et celle de l'assurance-maladie), l'optimisme des petites entreprises décroît, ce qui finira par freiner l'économie", a analysé Bill Dunkelberg, l'économiste en chef de la NFIB.

Les résultats trimestriels publiés ces derniers jours par les banques américaines portent déjà les stigmates de cette perte de foi des entreprises dans les promesses de Donald Trump. Dans l'attente de précisions sur l'ampleur des baisses d'impôts, entre autres, les sociétés américaines hésitent à investir massivement. Résultat, les prêts consentis par JPMorgan (>> JP Morgan Chase & Company) ont crû de seulement 4% au deuxième trimestre, sur un an, après une hausse de 6% sur les trois premiers mois de l'année et une augmentation de 7% sur l'ensemble de l'année 2016. Chez Wells Fargo (>> Wells Fargo), les crédits ont progressé de 1% sur la période d'avril à juin, contre une hausse de 4% au premier trimestre. Les activités de conseil en fusions-acquisitions et de montage d'opérations de marché de Goldman Sachs ont également fait les frais de l'attentisme des entreprises.

Relancer le "Trump trade"

Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan, a sans doute bien résumé la pensée commune à nombre de patrons américains en s'emportant vendredi contre la lenteur des décisions politiques aux Etats-Unis, "devenus l'une des sociétés les plus bureaucratiques et procédurières de la planète", ce qui bride l'économie du pays.

Les difficultés rencontrées par l'administration Trump depuis mars pour faire voter son projet de réforme de l'assurance-santé avaient déjà jeté le doute sur sa capacité à mettre en oeuvre sa politique de relance budgétaire. Le nouvel échec essuyé lundi par Donald Trump dans le cadre de cette réforme, en raison de nouvelles dissenssions au sein de son propre camp, renvoie aux calendes grecques l'examen du projet de baisse de la fiscalité.

Or ce projet de réforme des impôts constitue l'un des principaux catalyseurs de l'évolution des actions américaines, écrit Michael J. Wilson, stratégiste chez Morgan Stanley, dans une note à ses clients. Au président américain et, ironie du sort, au parti au pouvoir de trouver un terrain d'entente afin de tenter de relancer le "Trump trade", qui avait alimenté le rally post-élection présidentielle de Wall Street.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH

Valeurs citées dans l'article : JP Morgan Chase & Company, Wells Fargo