Paris (awp/afp) - Le taux d'emprunt de l'Allemagne se détendait lundi matin sur le marché, comme celui du Royaume-Uni qui a touché un nouveau plus bas, les obligations souveraines faisant office de valeurs refuges en raison des incertitudes liées au Brexit.

Le vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne a poussé vendredi les investisseurs à se détourner en masse des actifs les plus risqués pour se tourner vers les placements considérés comme sûrs, à l'image de la dette allemande.

"La poussière n'est pas encore retombée", remarquent les stratégistes obligataires chez BNP Paribas, rappelant que vendredi le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne est retombé en territoire négatif et a atteint un nouveau plus bas historique.

La décision du Royaume-Uni "a fait entrer les marchés en territoire inconnu, suscitant des réactions exagérées", estiment-ils.

Mais contrairement à vendredi, où les investisseurs se sont rués principalement vers la dette allemande, lundi "c'est l'ensemble des obligations souveraines européennes qui se comportent bien au détriment des actions", explique à l'AFP Patrick Jacq, stratégiste chez BNP Paribas.

Les dettes des pays du sud de la zone euro, dont les taux d'emprunt se sont envolés vendredi, profitaient d'un mouvement de détente.

Le marché obligataire pouvait également bénéficier des espoirs d'intervention des grandes centrales qui se sont dit prêtes à injecter des liquidités si besoin.

Les investisseurs vont continuer à suivre les développements autour du Brexit.

L'Union européenne voudrait que la procédure de divorce s'engage rapidement, mais Londres compte prendre son temps alors que le Premier ministre David Cameron réunit lundi son Conseil des ministres

Le ministre britannique des Finances, George Osborne, a prévenu que le Royaume-Uni n'activera l'article 50 pour quitter l'UE qu'au moment opportun, assurant que l'économie britannique était prête à affronter les turbulences provoquées par la décision de quitter l'Union.

Par ailleurs, pour discuter des conséquences du Brexit, la chancelière allemande Angela Merkel doit recevoir dans la journée à Berlin le président du Conseil européen Donald Tusk, puis le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi.

Vers 11H00 (09H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne reculait à -0,099% contre -0,047% vendredi à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

De même, le taux de la France baissait à 0,339% (contre 0,385%). Il avait touché un nouveau plus bas historique à 0,248% vendredi.

Parmi les dettes des pays du sud de la zone euro, le taux de l'Espagne baissait à 1,523% (contre 1,632%), alors les conservateurs sont sortis renforcés dimanche des élections législatives en Espagne, mais sans obtenir de majorité. Le taux de l'Italie reculait à 1,530% (contre 1,557%).

Concernant l'Espagne, "la situation politique n'est pas forcément plus claire mais ce qui fait la différence c'est que Podemos (parti de gauche radicale, ndlr) perd du terrain", note le stratégiste, ce qui rassure le marché dans le contexte du Brexit.

Enfin, le taux à 10 ans britannique se détendait à 0,963% (contre 1,086%), atteignant un plus bas historique pour la première fois sous 1% .

"Le fait que le Brexit ait de possibles conséquences négatives pour la croissance conduit les investisseurs à anticiper des baisses de taux de la Banque d'Angleterre", selon M. Jacq.

afp/buc