par Elizabeth Piper

LONDRES, 15 août (Reuters) - Le Royaume-Uni va proposer la mise en place d'un accord douanier provisoire avec l'Union européenne après le Brexit pour un commerce de marchandises le plus libre possible.

Les Britanniques veulent aussi pouvoir négocier parallèlement des accords commerciaux avec d'autres régions du monde, une source potentielle de conflit avec les négociateurs européens.

Afin de minimiser les incertitudes et les tensions commerciales au moment de la sortie de l'Union européenne en mars 2019, le gouvernement britannique va demander la mise en place d'une union douanière temporaire, qui serait limitée dans le temps, selon les extraits d'un document du gouvernement qui sera publié ce mardi.

Une manière de rassurer les entreprises craignant que la mise en place de contrôles douaniers entraîne des retards longs et coûteux.

"Les ministres vont annoncer leur intention de demander une période 'intérimaire' avec l'UE d'association étroite avec l'union douanière qui permettrait un transfert souple et méthodique vers ce nouveau régime", a annoncé le gouvernement en amont de la publication d'une série de documents censés éclaircir la position de Londres en vue du Brexit.

"Pendant cette période intérimaire, qui sera négociée avec Bruxelles, le Royaume-Uni cherchera à négocier de nouvelles relations commerciales avec le reste du monde."

UN STATUT SIMILAIRE A LA TURQUIE ?

Les discussions entre négociateurs européens et britanniques se sont pour le moment concentrées sur la facture dont Londres devra s'acquitter pour quitter le bloc, sur les droits des ressortissants britanniques et européens et sur la frontière irlandaise. La prochaine session de négociations est programmée en octobre.

La nouvelle initiative britannique semble destinée à répondre aux critiques de Bruxelles sur l'impréparation dont ferait preuve le gouvernement de Theresa May, auquel des responsables européens ont reproché le mois dernier non pas d'avoir des demandes inacceptables, mais de ne pas avoir de position du tout sur de nombreux dossiers.

En invoquant formellement l'article 50 du traité européen qui organise une sortie de l'UE, Theresa May avait fait savoir que le Brexit signifiait pour le Royaume-Uni une sortie de l'union douanière.

Mais la mise en place d'une union douanière temporaire laissant Londres négocier des accords commerciaux ailleurs pourrait être mal perçue par les autres Etats.

Les pays membres de l'union douanière ne sont normalement pas autorisés à négocier des accords bilatéraux. Seule la Turquie, qui bénéficie d'une union douanière partielle avec l'UE (sur les biens industriels), est autorisée à négocier parallèlement des accords avec d'autres Etats.

On ignore si le Royaume-Uni souhaite obtenir un statut similaire à celui de la Turquie. (Arthur Connan pour le service français)