WASHINGTON, 24 avril (Reuters) - Deux pelles dorées et un peu de terre remuée : Emmanuel Macron et Donald Trump ont endossé pour quelques secondes lundi soir dans le jardin de la Maison blanche les habits de jardiniers pour planter un chêne offert par le chef de l'Etat français au premier jour de sa visite d'Etat à Washington.

En tenue de soirée et accompagnés de leurs épouses, les deux présidents ont posé tout sourire devant les objectifs avant de "planter" ce chêne, d'1,30 mètre environ et issu du bois Belleau (Aisne) - lieu emblématique d'une bataille de 1918 des forces américaines contre les troupes allemandes.

"La France est un pays vraiment spécial (...) c'est un grand honneur", a déclaré le président américain dont les propos ont été recouverts par le bruit de l'hélicoptère présidentiel Marine One à bord duquel ils ont pris place pour rejoindre la résidence de Mount Vernon pour un dîner privé.

Au-delà du symbole sur la "solidité de l'amitié franco-américaine", le chêne offert ce lundi est également un message adressé au président américain, selon l'entourage d'Emmanuel Macron, près d'un an après la décision de Donald Trump de quitter l'accord de Paris sur le climat.

A la suite de cette décision, le chef de l'Etat français s'est engagé dans une offensive diplomatique et climatique, via notamment sa vidéo "Make our planet great again", son appel du pied aux chercheurs américains et l'organisation d'un sommet en décembre à Paris.

Les chances d'Emmanuel Macron de convaincre Donald Trump de rester engager au sein de l'accord de Paris au cours de cette visite de trois jours paraissent toutefois minces.

Depuis son annonce fracassante de se désengager de cet accord qui doit permettre de contenir le réchauffement de la planète sous les 2°, le président américain n'a pas modifié d'un iota sa position à l'égard de ce texte qu'il juge "mauvais".

Les Etats-Unis pourraient revenir au sein de l'accord si ce dernier était révisé, a-t-il répété à plusieurs reprises, une hypothèse rejetée par les autres pays signataires, au premier rang desquels la France qui a exclu tout "détricotage".

Donald Trump estime que ce texte nuit aux intérêts économiques américains, est destructeur d'emplois et désavantage les Etats-Unis par rapport à la Chine notamment. Pour l'heure, la résistance s'organise aux Etats dans la société civile, certains Etats et des entreprises qui font entendre leur voix.

Fin mars, l'Onu a estimé qu'"indépendamment" de la position du gouvernement, les Etats-Unis "pourraient être en mesure d'atteindre leurs engagements en tant que pays". Responsables de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les Etats-Unis se sont engagés dans le cadre de l'accord de Paris à réduire d'ici 2025 de 26 à 28% leurs émissions par rapport à 2005. (Marine Pennetier, édité par Jean Terzian)