Moscou (awp/afp) - La banque centrale de Russie a abaissé vendredi son taux directeur pour la sixième fois de l'année, affichant son intention de "poursuivre" sur cette voie début 2018, mais "graduellement" face aux risques inflationnistes persistants.

A l'issue de sa réunion régulière de politique monétaire, la Banque de Russie a annoncé dans un communiqué avoir abaissé d'un demi-point son taux directeur, à 7,75%, soit davantage que la baisse d'un quart de point prévue par la plupart des analystes.

"La Banque de Russie poursuivra graduellement sa transition d'une politique monétaire modérément restrictive vers une politique monétaire neutre", a affirmé l'institution dans ce communiqué, laissant entendre qu'une nouvelle réduction aurait lieu "au premier semestre 2018".

La banque centrale a choisi d'abaisser le taux directeur d'un demi-point "car notre vision des perspectives de 2018 a changé", a déclaré la présidente de la Banque centrale russe Elvira Nabioullina lors d'une conférence de presse. "Nous continuerons notre transition vers une politique monétaire neutre doucement, en suivant de près l'évolution des risques inflationnistes et l'évolution de la situation économique".

Confrontée à un plongeon de la monnaie et un dérapage des prix, la Banque de Russie avait procédé à un relèvement des taux spectaculaire au plus fort de la crise monétaire, provoquée fin 2014 par l'effondrement des cours du pétrole et les sanctions dues à la crise ukrainienne.

Elle s'est montrée depuis réticente à abaisser le coût de l'emprunt, prohibitif pour l'activité économique, et ne procède qu'à petits pas pour éviter tout nouveau dérapage.

Sa politique très dure a permis à l'inflation de ralentir à un niveau jamais vu depuis la chute de l'URSS, à 2,5% sur un an le 11 décembre selon la banque centrale, soit bien en dessous de son objectif à moyen terme de 4%.

L'insitution explique cet écart entre la hausse des prix constatée et l'objectif de 4% par "des facteurs temporaires"."A moyen terme, les risques d'inflation restent plus importants que ceux d'une déviation persistante vers le bas", a-t-elle ajouté.

L'inflation "atteindra progressivement les 4% d'ici fin 2018", a prédit la banque centrale dans son communiqué, affirmant que la décision prise fin novembre par l'Opep et ses partenaires (dont la Russie) de maintenir les quotas de production de pétrole jusqu'à fin 2018 "fait baisser les risques d'inflation sur un horizon d'un an".

Les analystes ont clamé à l'unission leur "surprise" de voir le taux abaissé d'un demi-point d'un coup,

"Une raison supplémentaire pour une baisse du taux plus forte (que prévu), en plus d'un tableau d'inflation sain, pourrait être une amélioration des prévisions des prix de pétrole pour 2018, la banque centrale ayant indiqué que l'accord de l'Opep avait réduit les risques d'inflation", affirme Oleg Kouzmine, de la banque Renaissance Capital.

Les analystes de Capital Economics se sont dits "étonnés" du ton "conciliant" de la présidente de la banque centrale. "Elle a dit que le cycle d'assouplissement se poursuivrait et (...) a ouvertement parlé de la possibilité d'une réduction supplémentaire d'un demi-point", ont-ils relevé.

Mme Nabioullina, ont-ils souligné, a déclaré que le taux directeur pourrait être abaissé à 6-7% d'ici à un an ou deux, alors qu'elle avait évoqué jusqu'à présent une baisse moindre sur une période beaucoup plus longue.

La prochaine réunion de politique monétaire est prévue le 9 février 2018.

afp/buc