* Les banques publiques russes ne pourraient émettre de nouveaux instruments financiers dans l'UE

* Selon des diplomates, les mesures proposées par la Commission augmenteraient l'instabilité des marchés financiers russes

par Justyna Pawlak et Adrian Croft

BRUXELLES, 24 juillet (Reuters) - L'Union européenne pourrait infliger des sanctions aux banques publiques russes d'une importance vitale pour le financement d'une économie qui marque le pas, dans le cadre d'une nouvelle série de sanctions prises à l'encontre de Moscou dont le rôle est pointé du doigt dans la crise que traverse l'Ukraine.

Un certain nombre de propositions allant dans ce sens ont été évaluées par les représentants des 28 pays membres de l'Union européenne, une semaine après la destruction d'un appareil de la Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine.

Parmi les mesures envisagées, il pourrait être interdit aux investisseurs européens d'acquérir de la dette nouvelle ou des actions émises par des banques détenues à 50% ou plus par l'Etat russe. L'année dernière, ces banques ont levé près de la moitié de leurs 15,8 milliards d'euros de besoins de financement dans l'Union européenne.

"Si de telles mesures étaient mises en place, ce serait un coup sérieux porté contre l'économie russe, accentuant une récession déjà très probable et risquant d'entretenir une longue dépression économique", estime Michal Dybula de BNP Paribas.

Il est également question d'un embargo sur les armes, même si les diplomates ont précisé qu'il ne serait valable que pour l'avenir, ce qui pourrait permettrait ainsi à la France de livrer le premier des deux porte-hélicoptères commandés en 2011.

L'Union songe également à encadrer plus étroitement l'exportation de technologies de forage en eaux profondes, de gaz de schiste, dans l'exploration arctique, et des biens à double usage, civil ou militaire.

Après des mois d'atermoiements, les Etats les plus puissants de l'Union européenne, Allemagne comprise, se sont résolus à accentuer la pression sur la Russie, accusée de ne pas faire le nécessaire pour que cessent les violences dans l'est de l'Ukraine où des séparatistes pro-russes continuent de s'opposer aux forces loyalistes de Kiev.

La destruction de l'avion de Malaysia Airlines, que les services secrets américains attribuent à un missile tiré par des rebelles avec un armement fourni par la Russie, a convaincu les Européens de durcir le ton à l'encontre de Moscou.

NOUVELLE ÉTAPE

Restreindre l'accès de la Russie aux marchés des capitaux européens et à certaines technologies marquerait une nouvelle étape. Jamais l'Union européenne n'était allée au delà du gel d'actifs ou de l'octroi de visa pour viser des secteurs essentiels de l'économie russe.

La Commission n'a toutefois pas proposé d'interdire d'acheter des obligations souveraines russes, sans que cela empêche le coût de l'assurance contre un défaut de Moscou de s'envoler dans la foulée des autres annonces.

Parmi les banques concernées par les mesures envisagées à Bruxelles, figurent Sberbank VTB, la Banque russe d'agriculture (Rosselkhozbank) ou encore VEB.

"Restreindre l'accès des banques russes à capitaux publics aux marchés capitaux provoquera une hausse du coût de levées de fonds et limitera leurs capacités de financement de l'économie russe", indique le document préparé par la Commission.

"Cela créerait de plus un climat d'incertitudes qui serait de nature à pénaliser le climat des affaires en Russie tout en accélérant la fuite des capitaux."

En étalant ainsi le champ des sanctions, les propositions de la Commission permettent de répartir le poids des sanctions pour les pays européens qui affecteraient les technologies allemandes, le secteur français de la défense et le poumon britannique de la finance.

Les statistiques montrent que l'Allemagne et l'Italie seraient sans doute les plus touchées par les sanctions si elles étaient durcies, sans compter l'Autriche et les pays baltes qui importent du gaz russe.

Des responsables allemands ont déclaré que Berlin était favorable à ce que les sanctions soient limitées dans le temps afin de faciliter un retour à la normale des relations, a dit une source européenne.

Selon plusieurs délégués, une nouvelle réunion devrait être nécessaire la semaine prochaine pour parachever le projet.

* ENCADRE-UE/Russie-Les options pour durcir les sanctions (Nicolas Delame pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)