Une page de l’Histoire financière se tourne peut-être outre-Atlantique. En avril prochain, Bill Miller quittera son poste de gérant du fonds Value Trust, un des principaux véhicules de Legg Mason. Il restera PDG de Legg Mason, mais le poste de responsable des investissements sera transmis à Sam Peters. Un retrait des affaires qui intervient alors que le fonds redresse un peu la tête, après une lente descente aux enfers.

Bill Miller est devenu une véritable star des marchés en allant souvent contre les idées préconçues. Au début des années 2000, en plein cœur de la bulle Internet, l’homme investit massivement dans Amazon ; il est un des rares gestionnaires de fonds avoir activement participé à l’introduction en Bourse de Google. A l’époque, la plupart des analystes estimaient que le moteur de recherche était outrageusement surévalué.

Un portefeuille d’actifs divisé par sept
En 2005, Bill Miller culmine : Legg Mason est à la tête de 20 milliards de dollars d’actifs. Entre 1990 et 2005, Bill Miller a systématiquement surperformé l’indice Standard & Poor’s 500 : pour 10 000 dollars investis dans Legg Mason en 1990, un investisseur récupérait 98 079 dollars quinze ans plus tard, alors que le retour du S&P500 n’était que de 51 354 dollars. Mais hélas, les meilleures choses ont une fin.

Si le déclin du fonds d’inversement débute après 2005, c’est 2008 qui sera sa véritable « annus horribilis ». Legg Mason avait alors massivement misé sur les valeurs bancaires, et notamment American International Group (AIG). La crise financière est passée par là, ravageant littéralement le portefeuille du groupe. Dans la foulée, Legg Mason perdait la gestion d’actifs du fonds de pension de l’Etat du Massachussetts, l’un des plus importants des Etats-Unis. Après cette série de déconfitures, le fonds de Bill Miller n’a plus entre ses mains, aujourd’hui, que 2,8 milliards de dollars d’actifs.

Depuis quelques mois, le gestionnaire s’est attaché à assainir le bilan de Value Trust en se séparant des investissements les plus nocifs. Ainsi, Miller et Peters viennent d’achever la cession des derniers titres détenus dans Eastman Kodak. Après avoir connu deux années de montagnes russes en 2008 et 2009 (-55% la première année et +44% la seconde), le fonds s’est stabilisé en 2010, avec une hausse de 6,1%.

Face aux déboires de son fonds, Bill Miller sait garder la tête froide. Dans un récent entretien avec Jason Zweig, du Wall Street Journal, il déclarait : « Notre philosophie a toujours été d’acheter les valeurs des secteurs en difficultés. Mais la dernière fois, ça n’a pas marché… »