par Valentina Za et Sabina Suzzi

MILAN, 3 septembre (Reuters) - La maison de mode Prada s'efforce de renégocier à la baisse les loyers de ses boutiques à Hong Kong et Macau pour s'ajuster à l'affaiblissement de ses ventes et à la diminution des flux de touristes en provenance de la Chine continentale, a déclaré jeudi son président.

Mais contrairement à d'autres marques de luxe, le groupe coté à Hong Kong n'entend pas fermer de magasins en Chine en dépit de la chute des marchés boursiers locaux et de la dévaluation surprise du yuan.

Prada réalise un chiffre d'affaires de 774 millions d'euros avec la Chine, soit 22% de son chiffre d'affaires mondial. L'Asie-Pacifique est le principal marché du groupe italien, avec 36% du chiffre d'affaires.

"Comme nos concurrents, nous avons commencé à renégocier les loyers pour nos magasins dans des points sensibles comme Hong Kong ou Macau, mais les propriétaires de sont pas très réceptifs, ils sont plutôt rigides", a déclaré Carlo Mazzi dans un entretien accordé à Reuters à Milan.

"La Chine est passée du statut d'Eldorado à celui d'un marché intéressant. Nous pensons qu'elle peut redevenir un marché assez porteur mais il est difficile de dire combien de temps cela prendra."

Pariant sur l'envolée de la demande chinoise, Prada avait choisi Hong Kong pour s'introduire en Bourse en 2011. Les fonds ainsi levés ont financé une coûteuse expansion qui s'est traduite par l'ouverture de 260 magasins dans le monde en l'espace de quatre ans.

Mais après des années de croissance faste, la demande a commencé à ralentir depuis plusieurs trimestres en raison de la vaste campagne lancée par les autorités contre la corruption - qui prenait souvent la forme de cadeaux luxueux - et des manifestations pro-démocratie à Hong Kong l'an dernier.

Le plongeon de 40% des marchés boursiers chinois depuis leurs pics de la mi-juin devrait accentuer cette tendance.

Le tassement des ventes et la hausse des coûts ont entraîné des pressions sur les marges de Prada.

Ses ventes au détail dans la région Asie-Pacifique ont baissé de 17% en monnaies constantes sur les trois mois à fin avril, affichant toutefois une légère progression grâce à l'effet de change.

Le groupe milanais publiera le 17 septembre ses résultats du premier semestre.

ALTERNATIVES

"Augmenter les ventes n'est pas un objectif facile en ce moment", a concédé Carlo Mazzi. "La phase d'investissements massifs dans le commerce de détail est derrière nous (...), il nous faut des alternatives à l'expansion du réseau de magasins", a-t-il expliqué en évoquant une amélioration des rendements des points de vente existants et le développement du commerce en ligne.

A Hong Kong, où il compte 22 magasins, Prada table sur un redressement de ses ventes mais avec des taux de croissance probablement plus modestes que par le passé.

"Nous limitons nos projets d'expansion à Hong Kong et Macau", a dit Carlo Mazzi.

"(Mais) même avec des ventes en baisse nos magasins chinois continuent de générer des marges positives, très inférieures certes à ce qu'elles étaient avant. Il n'est pas prévu de fermer des magasins en Chine," a-t-il souligné.

"Ne confondons pas la Chine avec les marchés sud-américains, touchés de plein fouet par la chute des cours du pétrole. La Chine n'est pas à genoux, elle doit juste corriger certains problèmes qu'elle a avec son économie."

Prada, qui possède également les marques Miu Miu et Church's, a plus de 600 magasins dans le monde, dont 94 dans la Grande Chine.

Le groupe ne voit pas à ce stade de marchés alternatifs pour son expansion, a reconnu le président. "Il y a des incertitudes qui retiennent les investissements dans des marchés où nous comptions renforcer notre présence, comme l'Afrique", a-t-il dit en faisant également état de problèmes logistiques et politiques en Inde. (Véronique Tison pour le service français)