Sorti par la petite porte de la politique, Mikhaïl Prokhorov pourrait bien y revenir par la lucarne. L’oligarque s’apprêterait, selon le site russe Kommersant, à prendre le contrôle de trois médias connus pour leur liberté de ton. A travers sa holding Onexim, Prokhorov discute le rachat de la chaîne TV Dozhd, du site Internet Slon.ru et du quotidien moscovite Bolshoi Gorod (« La Grande Ville »). Le projet suscite pas mal d’interrogations sur les rives de la Volga.

On peut lire l’acquisition comme une opération à but purement commercial. Détenus par la même propriétaire, Natalya Sindeeva, les trois médias affichent de bonnes performances et jouissent d’une large audience. Et Mikhaïl Prokhorov est déjà bien présent dans le secteur avec le magazine Snob, dédiés aux riches Russes cultivés, et le groupe de média RBK (TV et presse).

Mais deux coïncidences viennent mettre la puce à l’oreille des commentateurs. Tout d’abord, Mikhaïl Prokhorov a récemment tenté de faire de la politique, une expérience assez cuisante pour le milliardaire. Entré cet été au parti Right Cause, défenseur d’une économie plus libérale, il en a été exclu en septembre après avoir échaudé la susceptibilité de certains cadres du Kremlin. L’acquisition de nouveaux supports médiatiques seraient alors une bonne alternative à l’action politique directe.

Polyus Gold, pomme de discorde avec le Kremlin
Ensuite, Mikhaïl Prokhorov vient de connaître un revers industriel ennuyeux pour ses affaires. L’exploitant de mines d’or Polyus Gold, filiale d’Onexim, cherche à délocaliser son siège de la Russie vers le Royaume-Uni. Alors qu’un accord des autorités russes semblait acquis, une commission des investissements étrangers, présidée par Vladimir Poutine, a annoncé un report de la décision afin d’obtenir de plus amples informations auprès des dirigeants du groupe. Avec la reprise de ces trois médias – parmi lesquels Bolchoi Gorgod apparaît comme le plus critique vis-à-vis du pouvoir en place – Prokhorov pourrait se donner les moyens d’une revanche. Mais il pourrait également se doter d’une monnaie d’échange…

En cas de rachat, les observateurs seront très attentifs aux propos tenus sur les trois organes de presse : conserveront-ils leur liberté de ton ou seront-ils moins sévères envers le pouvoir, pour faciliter les affaires de leur nouveau patron ?