POINTE-À-PITRE (awp/afp) - "Évitez de voyager en Guadeloupe" pour cause de Covid-19, écrit le site américain du contrôle des maladies, décevant cruellement les acteurs du tourisme local qui cherchent depuis des années à attirer les touristes des Etats-Unis et du Canada.

Il y a quelques semaines, c'était en raison de l'insécurité due aux émeutes du mois de novembre que le gouvernement américain déconseillait aux voyageurs de passer des vacances sur les plages paradisiaques de "l'île aux belles eaux".

Mais en début de semaine, le Center for Diseases Control a relevé au maximum le niveau d'alerte de la Guadeloupe et des Îles du Nord, cette fois à cause du niveau d'évolution de l'épidémie de Covid-19, le territoire étant placé depuis le 5 janvier en état d'urgence sanitaire.

"Le panier de ces visiteurs (nord-américains, ndlr) est en moyenne 25% plus élevé que celui des touristes de l'Hexagone, notamment les Américains qui fréquentent les établissements haut de gamme", rappelle à l'AFP Willy Rosier, le directeur du Comité du Tourisme des Îles de Guadeloupe (CTIG), organisme chargé d'organiser la promotion du territoire.

En août 2018, le président de Région Ary Chalus, profitant du 40e anniversaire de la Route du Rhum, s'était rendu à New-York pour vanter les mérites de la Guadeloupe auprès d'un parterre de personnalités.

"La Région a identifié les Etats-Unis comme une cible majeure du fait de sa proximité géographique et du potentiel qualitatif représenté par un tel marché", indiquait un communiqué à cette période, quand la collectivité lançait "la mise en oeuvre de sa stratégie de conquête de ce marché tant pour les entreprises de Guadeloupe que pour le territoire".

"Signes de reprise"

Malgré cette volonté, les grosses opérations de communication mises en oeuvre et la présence d'un bureau du tourisme à New-York, les lignes aériennes ouvertes par la Norvegian Airlines entre Pointe-à-Pitre et la côte Est des Etats-Unis ont fermé, les croisières américaines ne passent toujours pas par Pointe-à-Pitre, et désormais la conjoncture ne joue pas en faveur des îles de Guadeloupe, territoire français d'Outre-Mer très concurrencé par ses voisins anglophones.

"Il est encore trop tôt pour mesurer l'impact [de la décision du CDC], d'autant qu'elle intervient quelques semaines après les blocages de novembre qui avaient déjà ralenti le tourisme entre les Etats-Unis et la Guadeloupe, indique Édouard Diverrez, directeur commercial chez Air France.

"En décembre, compte tenu de l'incertitude de la faible demande, nous avons dû suspendre temporairement nos opérations vers New-York et Montréal, entre mi-janvier et mi-février, comme certains de nos concurrents". Pour autant, les lignes rouvriront et "seront prolongées jusqu'à fin avril au lieu de fin mars", indique encore Édouard Diverrez.

Des "signes de reprises" qui ravissent l'aéroport de Guadeloupe, qui a indiqué lors d'une conférence de presse que la reprise des lignes et les fréquences envisagées par les compagnies aériennes "sont autant de raisons d'espérer un retour progressif à la normale", après deux ans de "trafic en berne". Celui-ci est en effet "en recul de près de 50% par rapport à 2019", malgré un très léger mieux par rapport à 2020.

"Durant ces deux ans, nous avons engagé de gros moyens pour continuer à donner envie de venir chez nous", assure Willy Rosier, sans toutefois donner le montant des sommes investies par la Région.

Le marché américain dispose d'une grande marge de progression sur le territoire. "En 2019, sur l'ensemble des 820.000 touristes dits de séjour qui sont venus en Guadeloupe, les Nord-Américains représentaient 6%, mais en valeur absolue, on a doublé cette fréquentation en huit ans", détaille M. Rosier.

Le reste étant essentiellement composé des Français de l'Hexagone qui continuent d'affectionner la destination, au point que le trafic aérien a parfois connu des pics d'activités: après la levée des motifs impérieux, aux mois de juillet et d'août 2021, on comptait jusqu'à neuf gros porteurs par jour. Cela avait même soulevé un peu de colère localement, les visiteurs étant alors régulièrement suspectés d'être responsable des vagues épidémiques, parfois meurtrières, connues par l'île.

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