On les résumera de la sorte : chiffre d'affaires et profit d'exploitation en baisse ; free cash-flow nettement négatif ; exode ininterrompu de la clientèle ; refinancement de plus en plus coûteux d'un endettement de moins en moins soutenable.

L'affaire semble bien mal engagée ! La dette nette représente x6.6 l'EBITDA — précisons-le "ajusté" — mais quel sens cela fait-il d'utiliser un profit d'exploitation retraité du coût des investissements dans une activité aussi capitalistique ? A priori aucun, sinon celui d'endormir son monde.

On se représentera plutôt une dette nette équivalente à x23 le profit annuel moyen sur les cinq dernières années. Voilà qui n'arrange pas un groupe qui accuse sur le premier trimestre 2023 un free cash-flow négatif de $166 millions, contre un profit cash de $209 millions l'an passé à la même époque.

La situation se complique sur les marchés servis par Altice, de plus en plus concurrentiels. Le groupe ne brille pas non plus par la qualité de son service, vertement critiquée outre-Atlantique. Dans ce contexte, il sera moins évident d'amortir les colossaux montants engagés dans le déploiement de la fibre. 

L'échéance de dette de l'an prochain a été refinancée mais à un coût exorbitant — le nouvel endettement a été souscrit à 11% d'intérêt. La remontée des taux fait très mal à Altice, qui doit toujours composer avec $13 milliards de maturités de dette sur les cinq prochaines années. 

Le moins que l'on puisse dire est qu'aux Etats-unis comme en Europe Patrick Drahi n'aura pas laissé un souvenir impérissable à ses minoritaires. La capitalisation boursière d'Altice aux Etats-Unis a été divisée par douze depuis l'introduction ; cette déroute rappelle le précédent d'Altice en Europe.

Drahi aura utilisé l'argent de ses partenaires pour des rachats d'actions massifs, augmentant ainsi son contrôle, et les laissant ensuite le bec dans l'eau avec de très nettes moins-values. Pas chic. Comme il l'a fait avec Altice Europe, le milliardaire, parions-le, aura ensuite beau jeu de privatiser Altice USA à ses plus-has historiques.

Bref : pile tu perds, face je gagne.