Photos par Indranil Mukherjee et Noah Seelam

NEW DELHI (awp/afp) - Les géants du commerce en ligne Amazon et Flipkart, adossé à Walmart, se sont lancés dimanche dans une bataille cruciale pour trouver des acheteurs en vue de la saison des fêtes en Inde alors que les détaillants cherchent à dynamiser leurs ventes dans une économie au ralenti.

Octobre et novembre, mois pendant lesquels une majorité des 1,3 milliard d'habitants célèbrent des fêtes importantes de la religion hindoue, sont essentiels pour les commerçants, dont certains réalisent presque la moitié de leur chiffre d'affaires durant cette période.

Mais cette année, les ventes ont été affectées par une demande moindre alors qu'une crise des liquidités a fait grimper les prêts personnels et que le chômage est à son plus haut niveau depuis les années 1970.

"Les choses sont difficiles", reconnaît Rakesh Kumar Yadav, de la Fédération des associations de commerçants de Sadar Bazar, qui représente quelque 40.000 grossistes de la capitale, New Delhi.

Même les discours agressifs d'Amazon et de Flipkart, qui ont massivement investi dans le marché naissant du commerce électronique en Inde, n'ont pas empêché les dépenses d'achats en ligne de baisser d'environ 20% au premier semestre par rapport à la même période en 2018, selon le Economic Times, qui cite Kantar, une société d'études de marché.

"La saison des fêtes approche à grands pas... et beaucoup d'entreprises élaborent divers plans pour soutenir la demande et séduire les consommateurs", a déclaré à l'AFP Sunil Sinha, économiste principal d'India Ratings.

"Mais j'ai l'impression qu'en dépit de tous ces efforts, le moral général des consommateurs est si bas que nous ne verrons pas le même niveau de dépenses que par le passé".

Guerres des ventes

Avec leurs importants moyens, Amazon et Flipkart s'attaquent aux magasins familiaux, connus sous le nom de "kirana", qui dominent le marché depuis des décennies.

Moins de 5% du commerce de détail en Inde se fait en ligne, alors qu'il représente au total 600 milliards de dollars (environ 550 milliards d'euros) mais le secteur devrait atteindre 8% à 9% d'ici 2022 grâce à l'adoption des smartphones et à la croissance de la classe moyenne, selon RBC Capital Markets.

Amazon, qui a récemment ouvert un campus pour 15.000 employés dans la ville d'Hyderabad (sud), a acheté des pleines pages dans les journaux pour promouvoir ses soldes du "Big Indian Festival", avec des rabais allant jusqu'à 90%.

Flipkart s'est offert Virat Kohli, la grande vedette indienne du cricket, comme visage de sa campagne de soldes "Big Billion Days" avec des prix cassés sur des articles de mode et des appareils ménagers.

Les deux géants, qui détiennent près de 75% du marché du commerce électronique, espèrent attirer des clients à court d'argent avec des options de financement. Ils ont embauché des centaines de milliers d'intérimaires pour répondre à la hausse attendue de la demande.

Selon les estimations, leurs ventes sur six jours devraient atteindre 3,8 milliards de dollars, contre 2,9 milliards l'an dernier, a déclaré Satish Meena, de Forrester Research.

Les commerces traditionnels augmentent également leur visibilité pour suivre le rythme des mastodontes en ligne.

"Nous traversons une période difficile et le moral des consommateurs est négatif depuis un certain temps déjà", a déclaré J. Suresh, directeur général d'Arvind Lifestyle Brands, propriétaire de 1.300 magasins, interrogé par l'Economic Times sur une augmentation de ses dépenses publicitaires allant jusqu'à 20% cette année.

Les économistes estiment toutefois qu'une récente série de mesures de relance, y compris une réduction de l'impôt des sociétés, devrait améliorer le climat dans les années à venir.

"C'est un bon début... Il est probable que nous ayons presque atteint le creux de la vague et si le gouvernement continue de faire sa part et que les entreprises restent optimistes en raison de ces annonces, les choses vont commencer à s'améliorer", a dit M. Sinha.

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