La Haye (awp/afp) - Le titre d'ASML, équipementier européen pour l'industrie des semi-conducteurs, a chuté en Bourse mercredi après que le groupe a fait état d'une baisse de son bénéfice net sur un an au premier trimestre dans un contexte de tensions internationales avec la Chine.

Le bénéfice net s'est établi à 1,2 milliards d'euros, a indiqué l'entreprise dans un communiqué, contre près de 2 milliards d'euros au premier trimestre 2023.

Le groupe a enregistré une baisse des commandes sur un an, à 3,6 milliards d'euros contre 3,75 milliards à la même période l'année dernière. Au dernier trimestre de l'année 2023, elles s'étaient établies à 9,2 milliards d'euros.

Des résultats sanctionnés par les investisseurs à la Bourse d'Amsterdam, où le titre ASML a chuté d'environ 6% à l'ouverture, dans un marché AEX en baisse de 0,7%.

Le titre s'est légèrement redressé au cours de la journée, mais était toujours en baisse d'environ 4% juste avant la clôture.

ASML, dont le siège se situe à Veldhoven dans le sud des Pays-Bas, est l'un des principaux fabricants mondiaux d'équipements permettant de fabriquer des puces électroniques qui alimentent de nombreux produits, des téléphones mobiles aux voitures.

Mais l'industrie des semi-conducteurs est devenue un champ de bataille géopolitique. Les Pays-Bas se sont récemment joints aux États-Unis et au Japon pour imposer des limites à l'exportation concernant les équipements de pointe de fabrication de puces, visant à empêcher la Chine d'acquérir les puces les plus avancées, susceptibles d'être utilisées dans des armes et les hautes technologies.

ASML a indiqué cette année qu'elle n'avait plus le droit d'exporter "un petit nombre" de ses machines avancées vers la Chine.

Le PDG Peter Wennink a déclaré que l'entreprise restait optimiste pour le second semestre 2024, qu'ASML a identifié comme une année de "transition" avant une "croissance significative" attendue en 2025.

Le premier trimestre a été relativement faible mais "conforme à nos prévisions et à nos attentes dans un secteur sortant d'une récession", a-t-il affirmé lors d'une conférence téléphonique.

Les ventes se sont établies à 5,3 milliards - conforme aux attentes - avec une marge brute de 51 % au-dessus des attentes, a-t-il également souligné.

"Nos perspectives pour l'ensemble de l'année 2024 restent inchangées", a souligné M. Wennink.

"Le second semestre devant être plus solide que le premier, conformément à la poursuite de la reprise du secteur après le ralentissement économique".

Le directeur financier Roger Dassen a pour sa part appelé les investisseurs à garder à l'esprit que les commandes cumulées au cours des deux derniers trimestres se sont élevées à 13 milliards d'euros, soit "un chiffre assez significatif".

Il a déclaré que les commandes étaient "généralement assez irrégulières", ce qui signifie que de grandes variations peuvent se produire d'un trimestre à l'autre.

Malgré la baisse des ventes au premier trimestre, le pourcentage des ventes vers la Chine a augmenté, passant de 39 % au quatrième trimestre de l'année dernière à 49 %.

"En matière de tendances en Chine, le premier trimestre a été solide. Nous prévoyons que la Chine continuera à être forte cette année", a déclaré M. Dassen lors de la conférence téléphonique.

"Opération Beethoven"

Le contexte de tensions commerciales avec la Chine fait également craindre que Pékin n'introduise ses propres contrôles à l'exportation de gallium et de germanium, deux métaux rares essentiels à la fabrication de semi-conducteurs.

L'industrie des semi-conducteurs était au coeur des discussions entre le Premier ministre néerlandais Mark Rutte et le président chinois Xi Jinping le mois dernier à Pékin.

Xi Jinping a déclaré qu'aucune force ne pouvait arrêter le rythme des progrès scientifiques et technologiques de la Chine, tandis que M. Rutte a assuré que les mesures prises ne visaient pas un pays en particulier.

Malgré ces vents contraires, les hauts responsables d'ASML ont régulièrement insisté sur le fait que l'entreprise était bien placée pour résister à la tempête géopolitique.

ASML emploie environ 40.000 personnes dans le monde, dont plus de la moitié sont basées dans son immense complexe de Veldhoven, au sud-ouest d'Eindhoven, et une part importante d'entre elles vient de l'étranger.

Le gouvernement néerlandais a dévoilé en mars un plan d'une valeur de 2,5 milliards d'euros pour retenir aux Pays-Bas des groupes mondiaux comme l'équipementier ASML, dans un contexte de craintes d'une réduction drastique de l'immigration après la victoire de l'extrême droite aux dernières législatives.

Le plan, baptisé "Opération Beethoven", vise principalement à empêcher le géant ASML de partir s'installer à l'étranger afin d'attirer des talents.

afp/rp