ADNOC a finalement décidé que l'acquisition de BP Plc ne serait pas un bon choix stratégique, selon trois personnes proches du dossier. Les considérations politiques ont aussi pesé dans la balance, selon l'une d'elles. L'entreprise, qui pèse 110,3 milliards de dollars, a été moins performante que ses concurrents ces dernières années, faisant du Britannique une cible de choix pour de potentiels repreneurs.

Les géants pétroliers américains sont en train de procéder à la plus grande consolidation du secteur depuis des décennies, mais leurs homologues européens n'ont pas été impliqués jusqu'à présent. Les investisseurs ont pénalisé la stratégie adoptée par BP de réduire sa production fossile et d'accélérer sa transition énergétique plus rapidement que ses rivaux Shell, Exxon ou Chevron. En février 203, le Britannique est revenu sur ses projets les plus agressifs de transition énergétique.

La Compagnie pétrolière nationale d'Abu Dhabi a au contraire augmenté ses capacités de production pétrolière et gazière et son PDG, le sultan Al Jaber, cherche à faire de son entreprise un géant mondial du secteur pétrolier. Pas côté en Bourse, ADNOC est assez important pour penser à acquérir BP. Les deux entreprises ont discuté directement ces derniers mois et ADNOC a pris langue avec des banques d'investissement pour finaliser un accord, selon deux sources proches du dossier. Le géant émirati a considéré toutes les options dont celle d'acquérir une grande partie de BP, selon une quatrième source.

"Ce n'est pas allé très loin", a toutefois déclaré à Reuters l'une de ces sources. ADNOC s'est aussi intéressé à d'autres entreprises dans l'optique d'avoir un catalogue plus large en termes de gaz naturel liquéfié (GNL). ADNOC comme BP se sont refusés à tout commentaire. ADNOC a déclaré à Reuters en octobre dernier être à l'affût d'opportunités d'investissements dans les secteurs des énergies renouvelables, du gaz, de la pétrochimie et du GNL qu'elle considère comme des marchés à forte croissance.

ADNOC a effectué plusieurs opérations ciblant des entreprises européennes. L'an dernier, la compagnie émiratie a fait une offre publique d'achat de 11,3 milliards d'euros pour acquérir le fabricant allemand de plastiques et de produits chimiques Covestro. Partenaires depuis plus de 50 ans, BP et ADNOC ont annoncé un projet de joint-venture en février pour développer des actifs gaziers en Egypte. L'année dernière, elles ont également fait une offre de 2 milliards de dollars pour acquérir une participation de 50% dans le producteur de gaz israélien NewMed, bien que l'opération a été suspendue en raison du conflit dans la région.

(Reportage de Sarah McFarlane, Anousha Sakoui et Ron Bousso à Londres ; reportages supplémentaires de Yousef Saba et Alistair Smout; version française Zhifan Liu)