Le profit d’exploitation chute de 28%, et le chiffre d’affaires consolidé de 10% par rapport à l’année dernière à la même époque. En réalité, ces développements — plutôt décevants sur le papier — indiquent une normalisation de l’activité davantage qu’une contrariété majeure. 

Il aurait en effet été imprudent d’extrapoler les performances exceptionnelles des deux dernières années — 2022 en particulier — tant celles-ci avaient été soutenues par une conjoncture exceptionnelle, caractérisée par la pandémie, le début de la guerre en Europe de l’Est, et toutes les perturbations des chaînes d’apprivoisements qui découlèrent de ces évènements. 

Cette actualité de court-terme mise à part, Brenntag conserve de très solides atouts. Le groupe n’a eu cesse de croître depuis son IPO il y a vingt ans, tandis qu’il bâtissait entre-temps une infrastructure de distribution globale et tout à fait non-reproductible par un concurrent. 

Ces dix dernières années, le chiffre d’affaires a cru à une moyenne annuelle de 6%, et le profit d’exploitation à une moyenne annuelle de 7%. Les analystes de Zonebourse apprécient la faible exposition au marché chinois — moins de 10% du chiffre d’affaires — et les retours sur investissements satisfaisants — vraisemblablement à deux chiffres — obtenus par le groupe au long cours de sa stratégie de croissance externe. 

L’avenir de Brenntag reste dépendant des opportunités de consolidation qui se présenteront. Le distributeur allemand est le leader mondial d’un marché fragmenté, avec une part de marché entre 5 et 7%. C’est deux fois plus que son premier rival Univar, qu’il a d’ailleurs tenté d’acquérir avant de renoncer face à la fronde de certains de ses actionnaires.

L’équipe de direction de Brenntag a coutume de rappeler qu’elle ne surpaie pas ses acquisitions, avec en ligne de mire un multiple moyen de x8 l’EBITDA avant synergies lorsqu’ils rachètent un concurrent. Or, le groupe s’échange précisément à ce niveau de valorisation en ce moment, malgré son échelle et son catalogue incomparablement supérieurs. 

Notablement, la valorisation de Brenntag n’est jamais tombée en-dessous de ce plancher de x8 l’EBITDA — même pendant la crise de l’euro ou au plus fort de la panique liée à la pandémie.