Le cas de Charter Communications illustrerait sans doute bien cette maxime. Le cours de l'action chutait hier après que le groupe ait annoncé qu'il enregistrait une décroissance de son nombre d'abonnés au haut-débit durant le quatrième trimestre. Ceci, malgré les niveaux d'investissements record du groupe dans ses infrastructures. 

Nous avions déjà présenté la situation dans ces colonnes il y a quelques semaines, et souligné les risques. Voir notre article du 31 octobre Charter : Joue avec le feu.

Mais comme Zonebourse a aussi l'habitude de pointer du doigt les politiques de rémunérations sans queue ni tête — voir par exemple notre article du 4 décembre Gitlab : Eaux troubles — forcément réalisées aux détriment des actionnaires, soit un vrai cafard dans la cuisine s'il en est, éoquons ici un autre aspect du cas Charter : celui des rachats d'actions aux desseins inavouables. 

En effet, jusque vers fin 2021, le directeur général Tom Rutledge endettait encore davantage le groupe pour que celui-ci rachète ses propres actions entre $700 et $800. Autrement dit des niveaux de valorisation délirants, mais Rutledge profitait au passage de l'inflation artificielle du cours causée par ces rachats pour vendre en masse les actions qu'il recevait via ses stock-options. 

Il y a trois semaines, l'intéressé vendait d'ailleurs les $100 millions d'actions qu'il lui restait. En somme, l'argent des actionnaires lui aura été utile d'abord pour financer ses stock-options, ensuite pour gonfler artificiellement le cours et ainsi empocher de substantielles plus-values.  On est jamais aussi bien servi que par l'argent des autres !

Tom Rutledge est désormais très riche. Les actionnaires de Charter, eux, se retrouvent avec le bébé sur les bras — c'est-à-dire avec une montagne de dettes et une position compétitive qui se dégrade de jouer en jour face aux telcos AT&T et Verizon qui s'engagent eux aussi à fond dans la fibre et le haut-débit.