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(Easybourse.com) L'année 2008 s'est caractérisée par plusieurs faits marquants, parmi lesquels nous pouvons mentionner en dernier lieu l'affaire Madoff. De quelle manière avez-vous été affectés par cet incident ?
 Nous avons été touchés par un problème de titrisation de 90 millions d'euros qui concernent donc les fonds propres de la banque. Nous n'avons pas de clients qui vendaient des produits Madoff. Comme nous n'avions pas dans nos OPCVM à la fin de l'année 2007 de produits venant des crédits subprimes. Nous n'avons pas été contraints d'arrêter certains portefeuilles.

La nationalisation vous semble être une très mauvaise solution s'agissant des problèmes auxquels est confronté le secteur bancaire actuellement ?
Je trouve relativement étonnant que l'on dise aujourd'hui qu'il faille renationaliser les banques. Cette année le CIC doit fêter ses 150 ans d'existence le 7 mai prochain. Il y a eu depuis des périodes d'expansion et des périodes de crise dont celle de 1929. Il y a eu des phases de nationalisation et de privatisation.

Nous avons vécu une période relativement difficile, pendant que nous étions nationalisés, caractérisée par des strates administratives. Nous avions perdu de vue le développement industriel de la société. 1998 a marqué la fin de la nationalisation.

De 1999 à 2009 il a fallu faire un travail de fond, revenir aux fondamentaux de la banque de détail. Repasser dans le secteur privé n'a pas été une chose évidente.

Il y a sans doute le problème de fonds propres à revoir au niveau des banques. Probablement que l'État doit intervenir à certains égards de manière à ce que les profits ne soient pas la seule finalité de la banque. Mais je pense très sincèrement que la nationalisation est la meilleure manière de tuer un organisme de quelque nature qu'il soit, étant donnée l'expérience qui a été la nôtre.

Je ne pense pas que ce sera un haut fonctionnaire qui réglera le problème des évolutions du secteur bancaire.

Selon vous indiquer que les taux de refinancement des banques ont baissé est une illusion. Pourquoi ?
Il est vrai que les taux directeurs de la BCE ont diminué et que le taux des livrets d'épargne a baissé. Mais lorsque nous considérons le taux de refinancement des banques actuellement, le taux pratiqué sur le marché tourne autour de 6/6,5%.

Ainsi nous ne nous procurons pas toutes nos ressources sur les marchés à 2%, mais à bien davantage. Ce faisant, les voeux pieux consistant en une baisse du taux du crédit sont faciles à tenir, mais beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre.

Peut-on considérer que l'année 2009 sera consacrée à une croissance organique, autrement dit à la consolidation de vos récentes acquisitions Citibank en Allemagne et Cofidis ?
Il nous faut du cash pour pouvoir nous développer en externe. Nous ne pouvons pas échanger de titres. Il nous faut nous structurer auparavant. L'idée étant de procéder à des acquisitions par le biais d'une liquidité abondante afin de ne pas mettre en péril les ratios. Nous étions à 8,60 à la fin de l'année. Début janvier, nous étions à 2,60.

Pourquoi avez-vous abandonné le dossier HSBC ?
Payer 35 fois les résultats nous avait semblé trop cher. Par ailleurs, une certaine compléxité était inhérente à l'opération dans la mesure où 14 groupes régionaux étaient à considérer, sept sièges et un réseau très dense...

Quand devrait être finalisée l'acquisition de Cofidis ?
Dans le courant du premier trimestre.

Comptez-vous pour autant procéder à des opérations de croissance externe en 2009 ?
Il est vrai que la valorisation de Société Générale ou de BNP n'est plus tellement importante. Nous sommes devenus la première banque au Luxembourg.
Il faut que nous atteignions d'une manière ou d'une autre 20% de parts de marché sur le territoire national. Une fois ce pourcentage atteint, pour en gagner davantage, cela coûte cher. Il parait donc plus intéressant d'aller ailleurs. Nous pouvons partir à l'étranger sur un créneau spécifique.

Allez-vous accepter de participer à la deuxième tranche des TSF ?
Je ne sais pas. Si nous y allons, nous serons nettement au-dessus d'un ratio core Tier 1 au-dessus de 10. Nous avons jusqu'au mois d'août pour décider de ce que nous ferons. En revanche, ce qui est certain, c'est que je ne souhaite pas d'actions préférence car je ne veux pas que l'Etat entre dans le capital.

Depuis que le livret bleu a démarré, vous avez augmentez vos dépôts. Mais vous voyez d'un mauvais œil le fait que cela soit centralisé au niveau de la Caisse des dépôts...
S'il m'était possible de faire d'autres placements, d'un autre genre, je le ferai. Je ne pense pas en effet que la centralisation à la Caisse des dépôts soit une bonne chose.

Au mois de novembre 2007, le président avait évoqué un taux de décentralisation du livret de 30%. Nous devions récupérer donc 30% du montant des livrets collecté. Il y a eu une globalisation des livrets A et bleus et des livrets de développement durable. Le taux de centralisation en 2007 et 2008 a alors été de 70%. Donc formellement 70% ont été versés. Mais dans la pratique, nous sommes restés au statu quo par rapport à la situation antérieure.

A quelle évolution du coût du risque vous attendez-vous ?
Le coût du risque a déjà augmenté en 2008. Il est clair qu'en 2009, l'économie réelle du pays sera plus affectée. Cela pose des problèmes en termes de risque en particulier de contrepartie. Ce sera un des enjeux majeurs de l'année.

En termes de commissions liés aux flux, nous avons sû pas mal nous débrouiller jusque-là. Sur la tranche des entreprises en France entre 50 millions de CA et 500 millions de CA, nous faisons 15% de flux à l'export.  

Avez-vous un objectif s'agissant de la distribution du crédit ?
Je l'avais évoqué en 2007 et en 2006. Je l'avais indiqué en 2008 à l'Assemblée générale de Strasbourg. Nous avons travaillé pendant plusieurs années du côté des particuliers avec des taux inférieurs à ceux du marché. On commençait à vendre à perte.

Il fallait augmenter les taux. Je n'ai pas réussi à me faire entendre dans la structure du Crédit mutuel. Aujourd'hui on a repris les propos de mon discours avec deux ans de décallage.

Je gère une entreprise. Il est important que les résultats soient au rendez et qu'ils me permettent de distribuer les prêts demandés. Il ne s'agira pas de répondre aux sirènes des autorités publiques. Cela sera en fonction de notre coût d'exploitation.

Je souhaite par exemple développer cette activité de crédit dans la région PACA, car nous sommes faibles sur cette région par rapport à la forte densité de population.

En raison de l'augmentation du chômage (un record historique de 90 000 emplois perdus a été atteint le mois dernier), de l'incertitude sur l'avenir, des conséquences en termes de capacité et surtout de l'espérance que les prix du marché immobilier vont continuer à baisser, les ménages diffèrent leur achat. Du côté des entreprises, les projets d'investissement à financer ne sont pas réalisés en raison de la chute avérée ou anticipée de la production.

Le message véhiculé consiste à dire que les banques ont fermé le robinet du crédit. Si les conditions ont effectivement été quelque peu resserrées, c'est surtout du côté de la demande que le problème existe.   Les chiffres rendant compte de l'évolution des encours de crédit sont publiés tous les mois. Fin 2008, notre engament était de +4%, nous avons fait +10,7%. Nous sommes donc à 2,5 fois et demi au-dessus de nos engagements.

De quelle manière appréhendez-vous le rapprochement de la Caisse d'Epargne et de la Banque Populaire ?
Une opération de ce genre prend plusieurs années pour déployer ses effets. Nous ne pouvons mesurer concrètement les conséquences pour le moment.
C'est ce qui nous est arrivé avec le CIC.

Nous allons néanmoins nous attacher à regarder dans quelle mesure l'Etat donne à cet ensemble des fonds publics qui s'élèvent à plusieurs milliards et qui posent problème sur un marché concurrentiel. Car contrairement à l'idée reçue, les sommes mises à disposition des banques pour permettre de renforcer les fonds propres sont remboursés avec des intérêts.

Quel regard portez-vous dans le domaine de la gestion d'actifs sur la fusion entre la SGAM et la CAAM ?
 Je n'ai pas d'avis particulier sur la fusion entre la CAAM et la SGAM. 

En matière de crédits à la consommation, le groupe avait un certain retard. Vous le rattrapez dans quelle proportion en reprenant Cofidis?
Cofidis représente 11 millions de clients et un certain type de crédits à la consommation. Nous sommes passés au quatrième rang des collecteurs de ce crédit.

Vous avez été récompensé au niveau de la relation banque-client. Comment les clients réagissent-ils par rapport à l'attitude des chargés de clientèle ou de l'image de vos établissements respectifs ?
Une question souvent posée par les clients au personnel intéresse l'angoisse que l'employé de la banque a par rapport à son emploi.

Une différence que l'on constate généralement se situe entre l'opinion générale sur les banques et l'opinion du client sur sa banque en particulier. La dernière enquête de satisfaction que nous avons menée affiche un taux de satisfaction de 94%.

Quelle perception avez-vous s'agissant de l'agressivité des clients ?
L'agressivité des clients avait déjà commencé à apparaitre il y a quelques années. Mais nous connaissons actuellement assurément un pic. Au point que nous avons été amenés à donner des formations sur la manière de gérer l'agressivité des clients.

Ceci étant l'image véhiculée dépend beaucoup des médias. Si nous mettons en relation les sommes remboursés par les banques à l'Etat et le nombre de crèches qui ont été créés, on concluera qu'en un an, les banques auront financé l'équivalent des crèches créées ces cinq dernières années.

Les réseaux bancaires exercent leurs activités dans des conditions très difficiles. La confiance est sans doute le dénominateur commun de la crise financière et de la crise économique. Aussi, le fait de taper sur les banques n'aide pas à retrouver la confiance.

Retranscription par Imen Hazgui des propos recueillis à l'occasion des questions-réponses posées dans le cadre de la conférence organisée par le groupe jeudi 26 février 2009

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